July 14th 2022
I start the day realizing after a few km that I am progressing very well today. I don't know if it's just an impression because I feel refreshed from a good night's sleep or if it's because of the national holiday.
I may have the desire to show what a Frenchie is capable of in Uncle Sam's land.
It's strange how sometimes, without you being aware of it, your speed naturally increases and you manage to keep a steady and steady pace.
From the first km, I walk at 5.7 km/h.
So ok, it's not crazy as speed, I admit it gladly, but with the weight of the bag and the topography of the ground, it's pretty good.
I have very rarely exceeded 5 km/h since the beginning, so at the time, I tell myself that my watch is playing tricks on me.
But no, I spend the whole morning at this pace with the feeling of being comfortable and enjoying the landscapes.
At 10 a.m., I have done 20 km and at lunch break, I am at 32 km.
Today I walk in Trinity Alps. The term is not overused.
Apart from the ocher tones of the rock, it looks like the middle alpine mountains.
The two Boulder lakes at the top remind me a bit of Beaufortain.C’est étrange comme parfois, sans que vous en ayez conscience, votre vitesse augmente naturellement et vous arrivez à garder un rythme soutenu et régulier.
Dès les premiers km, je marche à 5,7 km/h.
Alors ok, ce n’est pas dingo comme vitesse, je l’admets bien volontiers, mais avec le poids du sac et la topographie du terrain, c’est plutôt pas mal.
J’ai très rarement dépassé les 5 km/h depuis le début, alors sur le coup, je me dis que ma montre me joue des tours.
Mais non, je passe toute la matinée à cette allure avec la sensation d’être à l’aise et de profiter des paysages.
A 10h, j’ai fait 20 km et à la pause du midi, j’en suis à 32 km.
Aujourd’hui, je marche dans Trinity Alps. Le terme n’est pas galvaudé.
Mis à part les tons ocres de la roche, on dirait de la moyenne montagne alpine.
Les deux lacs de Boulder au sommet me font penser un peu au Beaufortain.
Je retrouve rapidement mes compagnons de route et, CERISE sur le gâteau, je retrouve CLEMENTINE (le manque de fruits m’inspire...). Je ne l’avais pas vue depuis quelques jours, et c’est amusant car je pensais justement à elle au moment de la retrouver.
J’étais en effet en train de me dire que pour le 14 juillet, ce serait sympa de retrouver un/une française. Voeu exaucé.
Nous prenons quelques photos et discutons en surplombant ces 2 lacs magnifiques.
Un écureuil un peu gourmand se tient prêt à bondir sur ou dans le sac de Clémentine à la moindre inattention de notre part.
Nous traversons de nouveau une forêt brûlée.
Celle-ci procure la même sensation de forêt fantôme qu’à Lassen où les odeurs de bois brûlé et mouillé par les extinctions vous saisissent les narines.
La terre n’est que cendres.
Je laisse Clémentine en terminer avec sa journée et choisir, comme à son habitude, un emplacement 5 étoiles.
Cette fille a le don de trouver des emplacements desquels elle pourra avoir une vue et un coucher de soleil magnifiques.
Il faut dire qu’elle y met de la volonté et elle a bien raison.
Je me retrouve beaucoup en elle par cet aspect de la randonnée « qualité ».
Je me retrouve aussi en elle sur beaucoup d’autres choses.
C’est une solitaire qui n’a peur de rien. Elle est déterminée , sûre d’elle et n’a que faire des regards extérieurs. Elle a, comme moi, un sac un peu trop lourd qui lui cache le haut de la tête, mais ne fait aucune concession sur ce qui lui semble bon d’emporter.
Elle assume, elle a une force qui est très perceptible de l’extérieur et qui la rend charismatique. Cela ne l’empêche pas d’avoir un regard bienveillant et un altruisme notable.
Cette force lui vient, je pense, d’une expérience déjà très importante de la randonnée et des voyages. Elle est jeune et elle a déjà un passé qui impose le respect : elle a traversé le Canada, vécu en Argentine et en Finlande, et a déjà fait 3 ou 4 fois les Etats-Unis. Elle a cette passion pour l’Amérique qu’il est rare de constater sur le PCT de la part des français, et que je partage.
Je plaisante souvent avec elle sur le fait que pour moi, elle a un super pouvoir qui lui permet d’étirer ou de figer le temps. Ou alors, elle évolue dans un espace-temps multi-dimensionnel, c’est la mode chez les super-héros !
A moins qu’elle n’ait trouvé l’élixir de jeunesse et qu’elle ait, en réalité, 132 ans.
C’est comme sa capacité à faire plein de choses dans une seule journée en dehors de la randonnée. C’est bluffant.
J’ai pris ma liseuse pendant le PCT pensant que, dans l’incapacité de me passer de lecture, j’allais pouvoir, au mieux, lire le soir dans ma tente. En réalité, je ferme les yeux rien qu’en commençant à écrire ma journée. Autant dire que j’ai rapidement fait une croix sur la lecture. A regrets.
Eh bien, Clémentine, de son côté, parvient à lire 3 fois par jour, le matin, le midi et le soir… Elle a déjà lu une vingtaine de romans, et elle arrive à tenir son blog à jour qu’elle complète par des posts sur Instagram.
Il faut préciser aussi qu’elle est partie 3 jours après moi, qu’elle est donc à un rythme global de marche plus élevé que moi… j’ai envie de traduire ma surprise et mon admiration à la fois par un gentil : « what the fuck ?? ». Mais voilà, c’est Clémentine, ou plutôt « Early Bird » sur le trail, qui donne une partie d’explication plus réaliste.
Ah oui, j’oubliais, accessoirement, elle rédige des articles de presse car elle est journaliste… Un détail.
Enfin, elle a un talent incroyable pour les photos.
Elle trimballe un appareil qui pèse une tonne, mais encore une fois, c’est son choix et ça vaut largement ceux qui emportent 5 t-shirts, 2 paires de chaussures ou une planche à découper du saucisson (toute ressemblance à des personnes vivantes n’est que fortuite). Et puis le rendu de ses photos fait taire ceux qui pourraient penser que c’est une surcharge inutile sur le PCT.
Elle fait des photos qui vous rendent gentiment jaloux car soit vous n’arrivez pas à les faire car vous ne trouvez pas le bon angle ou le bon éclairage, soit vous n’y avez pas pensé ou trop tard. Vous savez, ces photos de couchers ou levers de soleil, ces portraits, ces effets de flou qui vous font longuement réfléchir après coup et qu’on pourrait résumer ainsi : « et merde ! ».
Je lui dois une fière chandelle, car avec Hide N’ Seek, elle fait partie de ceux qui m’ont aidé, en partageant ses photos, à reconstruire ma mémoire des jours perdus et à illustrer mon blog pendant 3 semaines. Car elle a pris aussi ce temps-là et je la remercie, ce temps qu’on ne peut pas demander à beaucoup de personnes sur une randonnée, et c’est un peu normal.
Le terme « efficient » est mal approprié pour un randonneur, mais c’est celui qui me vient quand je pense à Clémentine. Elle est à la fois dans la contemplation et le bien-être de la marche, elle profite, et en même temps, elle sait faire plusieurs choses à la fois, elle est très efficace et réfléchie. J’ai envie de dire qu’elle a tout compris de la randonnée.
Je la laisse donc à son emplacement 5 étoiles, en partie pour respecter sa solitude, et aussi parce que je veux continuer un peu tant que mon corps le demande. Cela rendra l’arrivée de demain à Etna, prochaine ville étape, plus facile et pas trop tardive.
Arriver tôt le matin en ville est une stratégie que j’éprouve depuis le début et qui me va bien. Cela permet d’arriver pour le petit-déjeuner traditionnel américain, qui semble plus important que le déjeuner. Cela permet aussi de profiter du reste de la journée.
Je trouve un campement de fortune près d’une rivière.
J’ai fait 11h30 de randonnée aujourd’hui et 62 km.
Un record pour moi depuis le début.
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