29 juillet 2022 : 15 mi / 24 km - D+ 450m / D- 650m - Total : 1985 miles / 3194 km

Réveil au 100e jour sous un nuage de moustiques mais un beau levé de soleil sur le lac Hidden.
Tout le monde se hâte, paré de son attirail anti-moustiques, pour lever le camp le plus vite possible.
De mon côté, heureusement assez insensible aux moustiques, je prends un peu plus mon temps à découvert et profite de la vue offerte par le lac.
L’objectif est d’arriver à Shelter Cove Resort et d’y arriver pour faire une bonne pause.
Je vais également y récupérer mon colis de nourriture fait à Ashland.

Shelter Cove, comme tous les Resort, est un immense camping mais qui est assez dépourvu en alimentation. Il y a une petite échoppe à l’accueil mais qui comme toutes les petites épiceries essentielles sur le parcours, vous matraquent à coup de doigt pointé de l’Oncle Sam sur votre portefeuille « I want you… and your 20-$ bills !! ».
Il paraît qu’il y a un restaurant aussi mais je n’ai pas l’intention d’y aller.
Comme d’habitude, j’ai largement assez de la nourriture prévue dans mon colis. Avec ce qu’il me reste toujours un peu aussi dans mon sac, ça va être encore le creusage de méninges pour à la fois ne pas gâcher et repartir avec tout mais en même temps faire preuve d’un peu de lucidité en lâchant 1 ou 2 plats dans la hiker box
Manger le maximum de sa nourriture sur place surtout lorsqu’on a du poids à reprendre, est une façon de bien équilibrer la nourriture nécessaire pour repartir. Le restaurant est donc très superflu et n’arrangerait rien au poids de mon sac.


Shelter Cove est bordé du Lac Odell. J’ai envie d’y aller mais il y a un peu trop de monde et la fatigue prend le dessus.

Une tente spéciale pour le PCT est installée près du lac. J’y retrouve mes compagnons.
Je déballe mon colis de nourriture et organise mon sac pour les prochains jours.
Autre routine quand je retrouve un lieu de ravitaillement, je recharge mes appareils.
Il y a toujours quelques prises à disposition pour les hikers du PCT, auxquelles ont été rajoutées des multiprises. Je me demande toujours comment cette concentration d’appareils branchés ne fait pas tout cramer car autant dire qu’avec le nombre que nous sommes et qui avons les mêmes réflexes de tout recharger, il ne faut pas être regardant sur les normes. Il faut aussi savoir prendre son temps car cette flopée de branchements génère de la lenteur.
J’en profite pour aller prendre une douche. Celle-ci est équipée d’un miroir, et je prends une nouvelle fois conscience de ma perte de poids.



Le restant de l’après-midi est passé à « chiller » sur le porche de l’accueil où je profite d’une glace avec Hide N’Seek, Sweeper et Pirate, qui a trouvé un couple de slovaques.



Comme d’habitude, ils repartent tous avant moi.
Il y a un petit bout de route avant de retrouver le chemin du PCT, et en me mettant à mon tour en route, un conducteur me propose spontanément de me ramener sur le PCT. Il est rare d’être pris en stop sans avoir tendu le pouce. Aussi, j’accepte volontiers ce stop. Le conducteur possède une cabane dans le coin.
Nous discutons facilement et je raconte pour la énième fois l’histoire de mon trail name.
Le conducteur me dépose finalement un peu plus loin que prévu. Je regagne donc le PCT et tombe rapidement sur un très joli lac. Ce coup-ci, je n’hésite à aller me baigner. J’ai pris un peu d’avance avec ce gars qui m’a pris en voiture, c’est la 100ème journée aujourd’hui, et j’ai envie de fêter ça par une baignade. En plus, il n’ y a personne. Vite dit, je tombe nez contre fesses… Celles de Lucia, une tchèque que je croise de temps en temps depuis que je suis dans l’Oregon, et qui visiblement s’est crue seule aussi et a eu la même envie que moi. A ceci près que j’évite de me baigner tout nu. J’ai le syndrome de Jean-Claude Duce qui se retrouve sans affaires lorsqu’il sort nu de la mer dans les Bronzés !
Je me fais discret pour ne pas gêner Lucia et je vais un peu plus loin me baigner. Ce moment est divin. Je suis seul, il fait chaud et la fraicheur tolérable de l’eau est la bienvenue. Je prends le temps de me poser sur une pierre à ne penser à rien d’autre qu’à ce moment paisible.
Arrive alors Sweeper, qui est parti une bonne heure avant moi et qui est tout surpris de me voir devant lui et en plus au repos.
Suivent Hide N’Seek et Pirate, surpris également, surtout qu’ils ont fait une nouvelle pause après Shelter Cove en raison d’un trail angel.



Je repars seul, plus d’arrêts cette fois-ci jusqu’au prochain lac : Bobby Lake, là où je passerai la nuit.
J’adore cette portion de l’Oregon, où les pauses sont rythmées par la découverte de lacs.
J’ai une pensée pour Adolphe qui m’appelle toujours Bobby. Je ne pouvais pas m’arrêter ailleurs.
Sweeper, Hide N’Seek et Pirate sont aussi là. Je tombe aussi sur Carots et Bugs, un couple de canadiens avec qui je sympathise. Au fil de la conversation nous découvrons que nous sommes tous les 3 fans du groupe « The War on Drugs ». Depuis quelque temps, j’écoute un peu plus de musique et j’y prends beaucoup de plaisir. Au début, je ne pouvais rien mettre dans mes oreilles tellement je voulais être ouvert à l’environnement extérieur. Mais je me suis rendu compte au fil de mon aventure que ce n’était pas incompatible, et à petites doses, la musique, quand elle est bien choisie, s’accorde bien avec la marche et les éléments alentours. J’aime bien un peu de folk ou de rock indépendant américain. Je fournis une playlist « PCT » avec pas mal de morceaux que je découvre ça et là pendant ma marche lors d’arrêts en ville ou de rencontres. Il faudra que je pense à mettre cette playlist à disposition à la fin de mon aventure. Certains morceaux ont une histoire sur mon parcours.
J’aime poser ma tente au bord des lacs. Un coucher de soleil sur un lac, comme dans la montagne, permet d’étaler les couleurs.
Petite anecdote marrante sur ce coucher de soleil justement : je décide de le filmer en accéléré avec ma Go pro pour ensuite faire un beau montage que j’inclurai dans le film que je souhaite faire. Quand on filme en accéléré, pour que cela produise l’effet voulu, il faut filmer longtemps et il faut que rien ne vienne perturber le champs de vision. Je pose donc ma caméra et la laisse tourner une bonne 15aine de minutes.
Seulement voilà, alors que j’ai presque terminé et que l’effet voulu du coucher de soleil en accéléré promet une super vidéo, Carots décide de venir laver ses chaussettes pile devant la caméra. Après les fesses de Lucia, les chaussettes sales de Carots... A quoi tient un peu de romantisme quand même !!




I cannot help but wonder : did you lay eggs in the shower facilities ?