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Day 102 PCT : Sisters wilderness - Km 3178

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 12 janv. 2023

31 juillet 2022 : 33 mi / 53 km - D+ 1400m / D- 1350m - Total : 2046 miles / 3295 km






Aujourd’hui, ce sont moins des lacs que je traverse que des monts.

Officiellement le lieu s’appelle « Three Sisters » mais les monts qui le composent portent tous le nom de la composition d’une famille : the husband, the wife, the little brother et donc les Sisters : North, south and middle Sisters.Le jeu des 7 familles en version montagnarde !

On pourrait croire qu’il y a eu là comme un petit manque d’inspiration pourtant le lieu inspire et malgré le temps un peu couvert, c’est magnifique.

Le seul lac que je vais faire aujourd’hui s’appelle d’ailleurs le Sisters Mirror Lake.

C’est aussi le nom d’une ville pas loin où l’on peut se ravitailler.






Néanmoins, ce qui est au cœur des discussions et préoccupations aujourd’hui sont les incendies.

Ce que l’on craignait le plus en traversant l’Oregon et déjà le nord de la Californie ainsi que les signes avant coureur en arrivant à Windigo Pass, sont en train de se passer, hélas.

Deux incendies se sont déclarés, un près de Shelter cove où j’étais il y a deux jours et un autre juste avant entre le nord de la Californie et l’Oregon. Avant hier, je voyais en effet derrière moi, du haut d’une colline, la fumée.

Sur l’un des incendies, des hikers du PCT ont été évacués et amenés en ville.

Par conséquent, des parties du PCT que j’ai traversées il y a quelques jours sont désormais fermées, de Etna à Ashland par exemple. Certains ne verront donc pas la frontière des deux états.

Je me sens très chanceux d’être un jour devant ces incendies et j’espère, bien entendu, que tous ceux qui sont derrière vont bien.

Je devine que les incendies sont graves au point d’être relayés aux infos nationales et internationales car je reçois des messages de France et notamment de Lolo et d’Isa me demandant si ça va. C’est fou d’être au cœur des incendies et de s’en rendre compte par des proches à 9000km de là.

Les infos que j’ai sur place sont parcellaires et viennent d’autres randonneurs que je croise. Je n’ai pas vraiment de réseau et comme je suis un peu en avance sur les démarrages de feu, je n’ai en réalité que des bribes d’infos.



Je prends des nouvelles de Clémentine et de Gaspard. Nous avons pris l’habitude de nous envoyer des messages audio que nous parvenons à lire dès qu’il y a un peu de réseau.

Clémentine est passée 2h avant à l’endroit où un des incendies a démarré. C’est fou. Elle m’envoie une photo impressionnante intitulée « the shit is real ».



Gaspard a pu aller à Crater Lake mais a dû rebrousser chemin et contourner.

Les incendies sont ma hantise sur le PCT. On traverse tellement de zones propices et de telles immensités sans civilisation autour que je me demande toujours comment ça se passerait en cas d’incendies.

Heureusement, comme beaucoup de choses depuis le début, j’ai l’impression d’être dans la bonne temporalité et le bon endroit : 2 jours de pluie depuis le début, une année avec peu de neige dans les Sierras qui fait que les torrents ont été relativement faciles à traverser, aucune fermeture de parcours depuis le début sauf cette section de 2 miles pour la protection d’une espèce de grenouilles jaunes.


Ceci étant dit, je pèse ma pensée quand je parle de chance. J’apprécie d’être épargné par les incendies et d’avoir des conditions plus que clémentes mais je sais ce que cela signifie pour la planète.

Les incendies tout comme le peu de neige dans les Sierras où je me souviens que j’approchais les 30 degrés en montant au col de Muir à plus de 3000m sont les conséquences de chaleurs extrêmes et une traduction des dérèglements climatiques.

J’ai la chance de pouvoir avancer et espérons de pouvoir faire le PCT en entier mais à l’instar de ces pans de forêts brûlés ou balayés par les tempêtes, je pense qu’il deviendra de plus en plus rare de faire le PCT en entier et en une seule traite.

Rapellons que la fenêtre est déjà juste pour couvrir les 4270 km en 5 mois de mars à septembre. Auparavant, les randonneurs prenaient 6 mois. Cette durée est quasiment impossible désormais pas tant à cause de la neige précoce qui tombe dans le Washington mais à cause des incendies qui touchent aussi cet État.

Je parle de ceux comme moi qui font le trajet Sud-Nord, les « northbounders ».

Quant au southbounders, il est déjà maintenant quasi impossible de le faire d’une traite. Je n’ai croisé aucun de ceux qui font le trajet Nord-Sud qui n’aient pas dû ruser de stratégie et de contournements pour accomplir ce trajet. J’ai déjà parlé de ce couple de canadiens qui, en raison des neiges tardives dans le Washington a dû démarrer à la moitié en allant vers le nord pour ensuite revenir et reprendre direction Sud.

Avec les sécheresses et le manque d’eau dans le Sud déjà constatés quand on part pour le Nord en avril, il sera bientôt impossible d’arriver dans cette zone pendant l’été lorsqu’on va vers le Sud.

Partir sur une aventure de longue en pleine nature permet de prendre davantage conscience de ces perturbations climatiques.



Au fur et à mesure de mon avancée, le temps change et s’assombrit. Le tonnerre se met à gronder dès le début de l’après-midi au niveau des sommets des Sisters.

Je m’attends à des torrents de pluie et de grêles à tout moment mais cela semble rester derrière moi. J’ose à peine regarder en arrière le ciel noir, et j’avance tout nord devant en me disant que tant que je vais au nord d’un bon pas, je suis épargné.

Je croise un nouveau hiker au moment de faire mon dernier ravitaillement d’eau. Nous entamons un bout de conversation autour de choses simples comme le bonheur de cette eau pure et bien fraîche.

Il avance vite et je décide de me caler sur son pas comme il m’arrive a de rare occasions de le faire avec certains marcheurs dont je sens que nous sommes de la même trempe musculaire et quand j’ai la motivation pour le faire. C’est un trail runner comme moi, ce qui me booste davantage.

Aux premières gouttes ressenties, nous enfilons notre rainjacket ensemble et attaquons une belle montée qui se fait en 2 parties, dont la dernière est à découvert dans des pierres de lave. Entre ces 2 parties se trouve un campement ombragé.

Arrivé à ce campement et rejoins par Pirate, la sagesse me commande de m’arrêter avant d’attaquer à pic et à découvert donc.

Le vent souffle fort et j’ai peine à installer ma tente. Nous redoutons une grosse tempête.

Mais dès que j’ai fini de tout monter, la pluie et le vent s’arrêtent net.


Une fois installé dans ma tente, je repense à ma journée.

Les paysages étaient très variés aujourd’hui, j’ai progressivement quitté la forêt, j’ai traversé quelques prairies puis des zones arides. Enfin, des restes de roches volcaniques ont fait irruption dans le paysage. Nous approchons de la chaîne des Cascades.







Ce qui ne change pas en revanche, ce sont les moustiques !


C'était une journée où on a bien déliré aussi avec Pirate et Hide N' Seek. Je mets un peu l'ambiance en passant quelques classiques entrainants sur mon téléphone comme Footloose !



 
 
 

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