Day 103 PCT : Cascade range - Lava fields - Km 3231

1 août 2022 : 33 mi / 53 km - D+ 1400m / D- 1350m - Total : 2079 miles / 3348 km

13eme journée dans l’Oregon et un paysage qui change radicalement.

J’attaque cette journée dans une montée à pic et dans de la roche volcanique.

Je suis dans la chaîne des Cascade, qui démarre dans l’Oregon et qui se poursuit dans le Washington pour la partie volcanique.

Après le joli lac Matthieu où je voulais dormir originellement hier, mais sans regret puisqu’il est interdit aux randonneurs, je marche dans une très longue section de pierres de lave, ce qu’on appelle ici des « lava fields ».

Je n’ai jamais marché sur la lune (ah bon ?), mais c’est à ça que ça me fait penser. Sans doute aussi parce que ce « champs » est à perte de vue et que le relief est très divers.

Malgré tout, dans ce paysage sombre, lunaire, il y a quelques signes de vie étonnants : un conifère qui est arrivé à se frayer un chemin à travers les pierres, un bébé chipmunk qui s’éveille au monde.

Ça pourrait presque même être ludique tant le chemin serpente, mais cette marche se fait avant tout dans un effort de concentration qui, sur une dizaine de miles, devient un peu usant et qui met le mental et les nerfs à l’épreuve.

Les miens lâchent assez rapidement mais pour le meilleur puisque je suis accompagné de Hide N’ Seek et de Pirate qui lâche un « after those fucking mosquitos, I have to walk in that stupid shit !! ».

Je pars dans un fou rire nerveux qui ne me quitte pas de la matinée jusque la pause déjeuner. Au moins, ça m’aura permis de moins subir ce passage.

Le début d’après-midi redémarre dans le même paysage mais avec en plus des arbres morts, blancs, qui donnent l’impression de marcher dans une forêt fantôme. Mais tout ceci n’est pas sans charme.

Encore 2 miles de pierres de lave et je retrouve un terrain plus sablonneux qui me permet d’accélérer naturellement le rythme.

Je suis, malgré la moiteur de l’environnement, dans une bonne journée, ces journées où j’avance vite sans forcer.

Je longe le Big Youth Lake Camp, où a l’origine je souhaitais m’arrêter pour me rafraîchir avec une bière, mais j apprends que c’est un camp, comme son nom l’indique, de vacances pour les jeunes et donc pas d’alcool sur le site.

Pas sûr qu’il y ait d’ailleurs quelconque boissons fraîches.

Je préfère donc passer mon chemin, ce qui me donne l’occasion d’avoir une belle vue sur le lac, joliment entravée d’arbres morts en arrière plan et au premier plan des jeunes pousses de sapins et d’une verdure retrouvée qu'il est difficile de dater mais qui donnent toujours ce même espoir.

Cette superposition est très jolie.

Mon objectif dorénavant est de rejoindre le très attendu marqueur des 2000 miles où paraît-il une glacière de boissons fraîches est régulièrement remplie.

Il fait très chaud et lourd toujours, aussi la déception est là lorsqu’arrivé à la glacière, je constate qu’elle est désespérément vide du graal espéré.

Seulement des cannettes vides.

Je me rattrape en célébrant d’une danse, les 2000 miles avec mes compagnons.

Encore un effort à faire pour aller chercher le campement au bout d’une montée de 12 km mais sous le soleil couchant d'une splendeur rougeoyante et flamboyante qui donnent aux arbres une dernière chance de clarté avant la nuit soudain tombée.

J’arrive finalement fatigué et saoulé au campement au bout de derniers lacets interminables effectués dans la nuit.

J’ai du mal à cacher mon énervement auprès de mes camarades.