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Day 104 PCT : Mount Jefferson - Pamelia Lake - Km 3264

vincentsouverain51

2 août 2022 : 23 mi / 37 km - D+ 650m / D- 1650m - Total : 2102 miles / 3385 km



Un peu dur le réveil ce matin après une arrivée tardive à ce campement qui m’a imposé d’aller au bout d’une longue montée rocailleuse et piégeuse.


Je ressens de suite la fatigue de la veille dans la lenteur de ma marche.

Un paradoxe s’impose immédiatement à moi, la beauté des paysages de cette journée est aussi immense que ma fatigue physique mais surtout mentale.

Au pied du majestueux pic « three-fingered jack », je suis autant dans la contemplation que dans la réflexion quant à la suite à donner à mon aventure.



Je décide qu’à la fin de l’Oregon, je ferai une pause de plusieurs jours à Cascade Locks, là où se trouve le fameux « Bridge of the Gods » et là où est la frontière entre l’Oregon et le Washington.

J’ai besoin de temps, de repos, de fraîcheur mentale et de regain de poids avant d’affronter le Washington.

Cette perte de 16 kg en arrivant à Ashland me trotte dans la tête et j’ai aussi besoin de jours de reprise de calories sans en perdre.


Les paysages offerts en cette 104eme journée continuent de me ravir malgré ma peine à avancer.

D’abord le Rockpile Lake dont les bords sont tapis de jolies fleurs roses sauvages : les Phyllodoces, espèce typique de l’Amérique du Nord dont les feuilles ont la particularité de s’enrouler sur elles-mêmes de manière à ce qu’on dirait des épines de pins.





Ce lac, paisible, isolé du monde est typiquement le genre de lacs que j’adore et qui me fait plonger sans hésiter.

Mais aujourd’hui je me contenterai de l’observer et le capturer.

En effet, dans une 15 de kms, j’arrive à une partie fermée du PCT, une portion de 20 miles à partir de Pamelia Lake jusque Ollalie, à cause d’incendies datant de 2020.

La mère de Chris, qui vient de l’Idaho, s’est proposée de venir nous récupérer en voiture et de nous ramener sur le trail juste après la fermeture.

Nous en profiterons pour faire une pause à Salem, la capitale de l’Oregon.

Nous nous sommes donnés rdv à 17h au parking du lac. Je ne peux donc pas trop traîner.


C’est ensuite au tour du Mont Jefferson d’imposer sa grandeur.




Encore 2 lacs couleur turquoise, puis les « Shale Lakes » et j’entame la descente jusque Pamelia Lake.



A l’image de ma fatigue, j’accumule les petits déboires d’une journée qui me refuse le pas allant en harmonie avec la beauté des éléments qui m’entourent.

Aux Shale lakes, je prends le mauvais chemin, je butte sur les pierres et manque de tomber à plusieurs reprises, le lacet de ma chaussure droite cède en restant accroché à une branche, les troncs d’arbre sont trop hauts à gravir…

En réalité, l’horloge que j’ai en tête pour arriver à temps au parking prouve sa contre-productivité et me confirme que j’ai besoin d’avancer l’esprit tranquille.

Mais aujourd’hui est particulier et la chance que j’ai de revoir Genni, la mère de Chris, pour qu’elle me conduise juste après la fermeture du PCT vaut bien toute cette peine.

C’est un service incroyable qu’elle nous rend et beaucoup de hikers nous envie d’avoir ce « ride » qui nous fait manquer 20 miles seulement du PCT.

Imaginez un peu … votre mère, qui habite à Lille, se propose de venir vous chercher dans les Cévennes pour que vous puissiez faire un détour qui va prendre 4h parce que le chemin de Stevenson est fermé sur 30 km, et puis elle rentre à la maison dans la foulée…

C’est complètement fou, mais voilà le service que la mère de Chris a voulu nous rendre. Alors certes, les américains ont un goût prononcé pour la conduite et les distances dès que vous vous calez derrière votre volant sont incomparables à l’Europe, mais là, ça reste très exceptionnel.

Vous me direz, « mais il n’y a pas d’autres moyens de transport ? ». C’est justement là le problème, l’endroit de la fermeture du PCT est très sauvage et plutôt inaccessible en voiture. Surtout, le détour est très long, une demi-journée environ.

Beaucoup se creusent la tête pour arriver à se rendre de l’autre côté de la fermeture. Les hikers postent des messages en proposant de payer le transport à des particuliers, mais ont des retours négatifs car le détour est trop important.

Une navette est organisée mais il faut s’y prendre à l’avance pour la réserver et elle vous emmène à 75 miles après la fermeture. Autant dire que dans ces conditions, l’Oregon, qui est déjà une partie courte du parcours, ne devient qu’un bref passage.

Le pouce levé reste une possibilité mais c’est très aléatoire pour ne pas dire vain.

Du fait des incendies déjà déclarés en amont, certains hikers font une croix sur l’Oregon et passent directement au Washington.

Je pense que je serai, avec ma petite bande et d’autres hikers qui sont devant moi, un des rares à faire quasiment tout le PCT cette année, si par bonheur j’arrive au bout.

Il faut savoir qu’en réalité, il est extrêmement rare, voire impossible, de couvrir chaque kilomètre du PCT à cause justement des incendies de forêts ou d’autres situations exceptionnelles comme la fermeture pour la sauvegarde d’une espèce animale protégée.



Revenons à cette journée pour la clôturer.

Je retrouve un peu plus de vigueur dans la descente qui me mène à Pamelia Lake et au parking où je me sais attendu…et très certainement avec une bière bien fraîche et quelques gourmandises, connaissant Genni.

Cette femme, par sa gentillesse et sa générosité, restera comme l’une des plus belles rencontres de mon PCT.



C’est sûrement cette perspective qui me fait oublier un peu la fatigue et qui me branche en mode automatique.

Comme imaginé, je suis accueilli par la bande et Genni à une table de pique-nique sur le parking de Pamelia Lake, avec une Corona bien fraîche.

La bière dans ces cas là est toujours la meilleure du monde et vous laisse le goût du souvenir impérissable.




 
 
 

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