3 août 2022 : 2 mi / 3.5 km - D+ 50m / D- 100m - Total : 2104 miles / 3388.5 km

Comme convenu, j’ai donc contourné le « Lionshead fire » avec ma petite bande et Genni, et nous nous sommes dirigés vers Salem, la capitale de l’Oregon, pour y passer une nuit réparatrice.
Depuis que je suis dans l’Oregon, les zero days sont plus rares.
Comme attendu, cet État est plus sauvage et les villes plus rares ou plus éloignées. Les incendies qui se déclarent peu à peu m’invitent également à ne pas trop m’attarder.
Si j’exclus la douche glacée sans lumière dans le camping de Mazama village, la douche facturée 1$ la minute à Shelter Cove (je n’avais que 2$ de monnaie ce jour-là), mon dernier confort avec douche à volonté date d’il y a 13 jours à Ashland.
On peut dire que cette année, j’aurai bien contribué aux économies d’énergie et d’eau et payé une partie de ma dette à la planète.
Aussi, je ne fais pas la fine bouche au moment d’arriver à la chambre d’hôtel.
L’objectif de la journée est donc de nous rendre en voiture jusqu’à la fin de la fermeture de Lionshead, à savoir le Lac de Olallie. Cela devrait prendre environ 3 heures et nous permettre de reprendre notre marche en milieu d’après-midi.
Nous partons en fin de matinée, l’ambiance est bonne. Comme lors de sa venue à Bishop, dans les Sierras, Genni nous a préparé des cookies et des gâteaux de riz soufflé, les « rice krispies ».
La blague du moment est d’essayer de capter Pirate ou Sweeper en train de faire la sieste et d’immortaliser le moment par une photo.
Pour Hide N’Seek, c’est déjà fait.
Je ne renie pas ma réputation de siesteur contorsionniste capable de m’endormir à n’importe quel moment et n’importe où, mais j’aimerais arriver à choper mes deux compères non avares en photo à mon insu sur le fait de leur propre fatigue.
Ce ne sont pas des machines quand même. Et puis j’ai 3h de route, autant les combler avec quelque chose d’eminnement utile !
Photo à l’appui, mes différentes tentatives s’avéreront vaines.

Alors que nous approchons d’Olallie lake, nous sommes arrêtés par des ouvriers de chantier qui nous indiquent que la route est fermée à cause d’importants glissements de terrain.
Pas d’autres choix que de rebrousser chemin et de refaire une grande partie de la route qui partait de Salem. La question de repasser une nuit à Salem se pose mais finalement nous trouvons une déviation qui nous amène à Timothy Lake. Timothy Lake est sur le parcours du PCT mais un peu plus loin qu’Olallie.

On pourrait revenir à Olallie par ce grand détour, et Genni pousse sa générosité jusqu’à proposer de nous y emmener mais nous avons déjà quasiment fait un zero day en voiture, et Genni est attendue le lendemain dans l’Idaho. Il convient à ce stade de ne pas abuser davantage de sa bonne volonté et d'insister pour qu’elle nous laisse ici.
Nous décidons donc de reprendre notre parcours de Timothy, en mesurant toujours la chance que nous avons d’avoir pu éviter tous les incendies qui sont derrière nous.
Ce n’est finalement que 40 km en moins + la trentaine imposée par la fermeture de Lionshead. Tout ceci ne pèse finalement pas bien lourd sur un parcours de 4270 km dont on sait d’avance qu’il peut être accidenté, 1,6% pour être très précis.
Si l’on compte en plus tous les pas détournés pour aller se ravitailler, les quelques égarements , il se pourrait même que j’ai encore un peu de marge.
Je pense également à tous ceux qui n’ont pas eu notre chance d’avoir un chauffeur à Pamelia Lake pour faire le contournement et qui ont dû attraper des tendinites au pouce à force de multiplier les tentatives d’autostop, dans un coin il faut bien l’avouer bien paumé.
Au final, arriver à Timothy Lake sans trop de préoccupations est plus que suffisant, c'est une aubaine.
D’autant, que l’endroit est magnifique, quelques bateaux de plaisance sont accostés à l’entrée du lac fréquenté par quelques touristes.
Genni nous dépose un peu plus loin à la jonction du PCT.
C’est l’occasion de faire quelques photos tous ensemble.

Nous disons au revoir à Genni et marchons quelques miles avant de trouver un campement au bord du lac. Il est déjà tard et nous avons quelques km d’avance en raison de ce contournement supplémentaire. Nous pousserons la machine demain.




Assis sur un morceau de bois flottant, tels des Robinsons, nous profitons tous les 4 de la belle vue du lac Timothy au soleil couchant, pour ce qui restera sans doute un de nos meilleurs moments à 4.
Sans doute, aussi parce que dans quelques jours je les laisserai partir et que je finirai cette aventure seul.
L’amitié posée comme ça sur ce bout de bois, éblouie par un magnifique ciel virant à l’orangé, dans un moment où se mélangent les anecdotes amusantes, la sérénité, la fierté de notre parcours, est finalement une belle métaphore de notre aventure.


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