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Day 106 PCT : Mount Hood National Forest - Timberline lodge - Km 3376

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 25 janv. 2023

4 août 2022 : 21 mi / 34 km - D+ 1250m / D- 400m - Total : 2125 miles / 3424 km



Réveil dans la brume du lac Timothy.



Je prends mon temps ce matin. Habituellement prêt en 45’, je mets une bonne heure et 15 minutes ce matin.

Les 3 prochains jours jusque la frontière du Washington se feront à un rythme plus relâché avec 22 ou 23 miles par jour.

Je prends le temps de filmer les habitudes matinales de mes camarades.

Hide N’Seek m’épate toujours. Elle est encore en train de dormir lorsque je me lève.

Ma routine de l’empaquetage quasiment terminée et mon sac prêt (voir vidéo), elle émerge et sans que ça n’y paraisse, sa vitesse d’exécution et son efficacité ponctuées d’un « bye U-Turn, see you on trail » signifiant son départ me laissent hagard devant mon café et mes céréales. Après presque 4 mois sur les chemins, j’ai l’impression d’être encore un bleu, un rookie de la randonnée !


Et pendant ce temps-là...


Après tout, chacun ses habitudes, mais cette rapidité qu’ont surtout les américains, ne cesse de m’émerveiller et de me questionner.

Heureusement, il y a toujours une exception à la règle et la torpeur de Sweeper au petit matin alors que c’est une flèche lorsqu’il est en action, me conforte dans ma lenteur toute relative, puisque 45’ pour être prêt en prenant le temps de petit-déjeuner ne relève pas de la flânerie non plus.


Je retrouverai Hide N’Seek un peu plus tard près d’un joli pont en bois pour prendre la ration d’eau de la journée.

La petite attraction de la journée est de faire un petit détour du chemin pour aller voir Little Crater Lake, un Crater Lake en miniature pour comprendre le phénomène géologique de sa formation.



La clarté du ciel radieux et les sapins se rèfletent à la perfection dans l’eau calme de Little Crater Lake.



La dégradation de ce qui est à l’origine une roche sédimentaire et qui par capillarité a laissé remonter l’eau du sol, laisse un trou béant et une impression de vertige amplifiée par la lumière du jour.


Je suis davantage attiré pour un vieil homme assis sur le ponton servant de visite, non pas parce qu’il a les mêmes chaussures que moi, mais parce qu’il dégage immédiatement quelque chose de profondément humain. Je ne l’avais encore jamais vu sur le trail. Il paraît marqué par l’effort. Il me fait tout de suite penser à John Muir.

J’enclenche la conversation avec lui, rejoint rapidement par Hide N’Seek.

Il me raconte qu’il fait partie de ceux qui ont bravé l’interdiction de traverser les 20 miles fermés de Lionshead à défaut de trouver une solution pour contourner.

Depuis quelques jours, la rumeur courrait qu’on pouvait traverser sans trop de danger et que de plus en plus de hikers le faisaient malgré l’interdiction.

Seulement, les bénévoles intervenant pour remettre le sentier en état l’ont appris.

En conséquence, ils ont commencé à intercepter les hors-la-loi et à leur retirer leur permis du PCT.

Mon sosie de John Muir est l’un d’eux et le voici donc sur ce banc sans autorisation de continuer le PCT. Il ne se lamente pas et je ne le blâme pas malgré son infraction.

Ce qu’il y a de triste et d’un peu pathétique dans son histoire, c’est que Pa’at, puisque c’est son nom, fait lui-même du bénévolat pendant sa marche et que c’est lui qui est allé à la rencontre des bénévoles pour leur filer un coup de main. Mais la loi est la loi et son offre ne l’a pas empêché d’être sanctionné.

Il me raconte qu’il a essayé de les amadouer par une chanson qu’il me fredonne. Mais rien n’y a fait.

Malgré cela, il n’a pas de rancoeur, et il va continuer quand même.




Je reprends mon chemin dans la forêt de Mount Hood, du nom du sommet enneigé que je commence à apercevoir et au pied duquel se trouve Timberline lodge, le lieu d’arrivée de la journée.



J’ai hâte d’arriver dans ce lieu mythique, iconique pour moi du PCT.

Timberline Lodge est un hôtel alpin de luxe, fréquenté par des familles aisées qui peuvent se vanter de faire du ski en plein été.

Mais là n’est pas le motif de ma hâte.

J’aurais même tendance à fuir ce type de lieu s’il n’y avait pas la promesse d’un buffet petit-déjeuner à volonté le lendemain.

Imaginez la possibilité d’aller se bâfrer dans le luxe et la qualité lorsque vous avez l’estomac, non plus dans les chaussettes, mais dans les profondeurs de Crater Lake.

Et puis je suis curieux de voir la rencontre de deux mondes si opposés dans un même lieu : les crasseux versus les cossus, le remake des Groseille contre les Le Quesnoy en Amérique !

Je me demande comment cela est même possible ! Mais, hey, on est aux USA, Le pays où tout est possible, même les contradictions. C’est pour cela que je l’aime aussi.

La référence cinématographique au "Long Fleuve Tranquille" est opportune puisque la 2ème raison de ma hâte d’arriver à Timberline Lodge est qui l’a servi de décor au film The Shining de Stanley Kubrick tiré du roman de Stephen King.

C’est l’un des rares avantages à être un peu plus âgé que les autres : j’ai la ref !

On peut notamment y retrouver une reproduction de la hache qui a servi à la fameuse scène : « Here’s Johnny ! ».



La montée vers Timberline Lodge et le Mount Hood est progressive. Nous commençons dans la forêt où nous tombons sur 2 randonneurs avec lesquels nous avons fait la pause du midi près d’un parking, Cagger et The Duchess.



Il est très rare que nous nous retrouvions tous les 4 à marcher ensemble. Aussi je prends le temps de filmer mes camarades dans leurs pas cadencés . Je sais que c’est l’une des dernières fois que nous serons à 4. Dans 2 jours, c’est l’arrivée dans le Washington et le moment de se dire au revoir.



La sortie de la forêt dévoile le Mount Hood de très près. Je finis épuisé dans une dernière montée étonnement sableuse pour cette altitude. J’ai l’impression de grimper la dune du Pilat mais à 2000m.

Je suis surpris de voir des dameuses en haut des sommets. Il y a vraiment une activité de ski en ce début d’août. J’ai l’impression que nous ne sommes pas très haut pourtant.

Le Mount Hood culmine à 3430m.




Je retrouve mes amis dans un petit campement qui surplombe l’hôtel de Timberline.

Je monte ma tente en essayant comme d’habitude de choisir une très belle vue.

Je donne sur le Mount Hood, c’est parfait !



Une fois la tente montée, nous nous dirigeons vers l’hôtel pour aller prendre une bière.

Le moment est de se frotter aux riches pensionnaires de l’hôtel. J’avais, pendant une demie seconde, envisagé de prendre une chambre car s’il y a un endroit où l’on peut se faire plaisir, c’est sans doute celui-ci, mais à plus de 300$ la nuit, j’ai vite abandonné le projet.

Cet hôtel est vraiment très impressionnant de grandeur. Une immense cheminée hexagonale se trouve au centre et traverse tous les étages. C’est la colonne vertébrale de l’hôtel.

J’avoue aimer son architecture massive mélangeant le bois et la pierre même si la clientèle qui le fréquente n’est clairement pas de mon monde.





Nous nous attablons pour prendre quelques bières mais pas plus. Le moindre club sandwich dans une version un peu chic dépasse les 20$.

Une bande de filles à papa assises à côté de nous n’éprouve aucune gène à se retourner pour nous dévisager des pieds à la tête, en mode « mais qu’est ce que vous faites là les pécores ? ».



Avant de repartir, nous nous rendons à l’accueil qui se trouve au sous sol pour aller nous enquérir de la fameuse hache.

Le réceptionniste nous la prête bien volontiers pour aller faire quelques photos.

Nous tentons de reproduire la fameuse scène où Jack Nicholson, possédé, défonce la porte de la salle de bain. La porte d’un cagibi au fond de la salle nous offre cette possibilité.


Nous retournons dans nos tentes dans une atmosphère joyeuse sous un coucher de soleil aux teintes diverses d'orangé et de bleu. Certains se sentent inspirés par tant de beauté...












 
 
 

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