5 août 2022 : 22 mi / 35 km - D+ 1150m / D- 1700m - Total : 2147 miles / 3459 km


Il aura fallu que j’attende la fin de l’Oregon et presque 3400 Km pour avoir mon premier petit déjeuner à volonté.
Elle s’est fait attendre cette épreuve de confort !

Malgré tout il a fallu se réveiller aux aurores pour arriver à se pointer dans les premiers au breakfast. La réservation était de rigueur mais nous ne sommes pas les seuls au même horaire de réservation.
Nous sommes placés les premiers dans la salle de restaurant au décor de bois massif reluisant, typique des hôtels restaurants de montagne, mais version luxe !
Les hikers dénotent dans ce décor mais contrairement à hier, nous sommes majoritaires, l’heure de la revanche a sonné 😉.
Je garde malgré tout ma doudoune car ma chemise n’est pas au standing !
Non seulement c’est mon premier petit dej version buffet (et sans doute le dernier aussi) mais en plus c’est le meilleur.
Je garde le souvenir du super petit-dej à Quincy et surtout les circonstances inattendues dans lesquelles cela s’est passé. Mais là on est sur du très haut de gamme, à bon prix et à volonté surtout !
Tout est de qualité : le saumon fumé, l’omelette au fromage fondu, une quiche aux épinards, du pain perdu, une gaufre et surtout des fruits frais servis avec un jus de fruits rouge exquis type coulis qui glisse délicieusement dans la bouche.
Comme tous les buffets, j’ai tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre. En même temps, vu le poids que j’ai perdu, on n’est pas très loin de la vérité.
J’essaye de tout savourer et de prendre mon temps.




Repu, pour ne pas dire gavé, j’opère ma digestion en allant découvrir de plus près le Timberline et ses 3 étages.
Le sous-sol dans lequel nous avions rejoué la scène de The shining la veille, fait un peu office de musée avec une reproduction de la chambre de FD Roosevelt qui a inauguré cet hôtel en 1937 et qui était un client régulier.
Il y a quelques métiers à tisser témoins d’une activité sans doute propre à cette région.
Je croise Crime Scene et ses acolytes qui sont en recherche de la fameuse hache et à qui je refile le tuyau du cagibi pour faire des photos.


J’ai du mal à quitter ce lieu qui m’a déjà presque fait ma journée par sa beauté et son petit-déjeuner. D’ailleurs, il serait compliqué de partir maintenant tellement je me sens lourd.
J’ai du mal à croire que je suis en train de dire cette phrase tellement j’ai eu faim sur le PCT !
Il est 11h, je repars seul, doucement et fin heureux de mon passage à Timberline.



Le chemin est très agréable, fleuri de lupins avec le Mount Hood toujours en vue.


Je retrouve Hide N’Seek pour une pause, non pas déjeuner car nous sommes encore remplis de notre petit déjeuner à volonté. C’est plutôt une pause digestion. Le rythme n’est pas comme d’habitude.

Pour la 1ere fois au loin, très loin; nous apercevons le Mont Rainier, le point culminant du Washington à 4392m.
Le chemin propose une voie alternative pour aller voir les Chutes de Ramona.
Je le prends, accompagné de Pirate et Hide N’ Seek.
Les Ramona falls se situent dans une forêt ombragée avec un pont en bois permettant de les frôler.
En faisant mon ravitaillement d’eau, j’admire les vapeurs d’eau produites par le flot cristallin au contact de ce mur de pierres aux aspérités inégales.
La féerie de ces chutes donne l’impression que cette forêt est sous l’influence d’un pouvoir magique, un refuge de créatures enchantées et d’opportunités d’aventures.


Après un passage agréable en faux plat, je commence à attaquer la montée la plus sèche de l’Oregon, 600m de D+ en 4 km.
Mais tout va bien, même très bien, j’ai des jambes de feux et je monte à très bon rythme, ce rythme régulier, cadencé qui me permet de revenir sur tous celles et ceux que je regardais passer en admirant les Ramona Falls.
Cependant, j’entends derrière moi quelqu’un qui, je pense, est en train de courir.
En fait, c’est une fille suivie, je devine, de son compagnon car ils ont la même tenue orange flashy. Pas de doute pour moi sur leur nationalité vue là couleur uniforme orange : des hollandais !
Son allure est celle d’une traileuse déterminée, par la force d’appui sur ses bâtons, à avaler la pente.
A ceci près qu’elle porte un sac de randonneuse. Elle m’impressionne ainsi que son mari. Moi qui suis déjà à très bonne allure, elle m’aspire littéralement. Je les retrouve à mi-chemin. Ils se sont arrêtés prendre de l’eau. Je repasse devant eux et de nouveaux, je les entends fondre sur mes pas. Je leur demande s’ils ont pris quelconque substance pour avaler la pente ainsi. Elle me répond qu’elle a de l’énergie à dépenser avec tout le sucre pris ce matin au petit-déjeuner de Timberline Lodge.
Nous arrivons au sommet ensemble.
Ce couple s’appelle Yeti Legs et Base Camp. Yeti legs vient du fait que Wesley, son vrai prénom, a des cuisses à faire pâlir un rugbyman et qu’une fois pris en photo devant une statue de Yeti, la comparaison est devenue si évidente que son trail name était tout trouvé. Base Camp, la plus rapide, tient son trail name de ses capacités organisationnelles. Une fois arrivée au camp de base, elle échafaude les plans pour la journée suivante avec des objectifs kilométriques, des lieux de pause, de ravitaillement, etc.
Il ne sont pas hollandais mais viennent du Colorado. Nous nous amuserons plus tard de la petite compét’ non avouée que nous nous sommes livrés dans cette dernière montée de l’Oregon, car nous nous retrouverons plusieurs fois dans le Washington et ils deviendront de bons amis. J’aurai d’ailleurs l’occasion de prendre ma revanche…


Au sommet de la montée, je retrouve Pirate et Hide N’ Seek.
Nous commençons à rechercher un campement. Les places commencent à être chères.
Le phénomène de bulles, « bubles », à savoir des regroupements de hikers commencent à s’observer. Jusque-là nous étions relativement épargnés par ce phénomène car notre bonne allure nous avait permis d’être un peu devant le coeur des hikers. Mais les incendies ont perturbé les rythmes de chacun. Les hikers bloqués ont dû rater des grosses parties de l’Oregon et contourner les zones incendiées.
Beaucoup sont arrivés directement à Timberline Lodge et ont donc rattrapé ceux qui étaient devant.
Nous l’observons en passant devant quelques campements déjà plein. C’est très rare de voir ça.
Nous parvenons à trouver un campement en contrebas du chemin. Il y a pas mal de moustiques mais nous mangeons tout de même ensemble. C’est notre dernier bivouac ensemble car demain nous arriverons au Bridge of the Gods à Cascade Locks, et après le weekend que nous allons passer chez les parents de Sweeper près de Portland, je prendrai 3 jours de plus de pause et laisserai partir mes camarades.
Seul Sweeper manque à l’appel. Il était censé bivouaquer au même endroit que nous, mais a dû changer d’avis. Dommage.

Un grand moment que ce breakfast de Timberline lodge au milieu d'un public huppé... j'en ai encore mal au bide de tant l'avoir rempli notamment de fruits qui nous manquaient tant sur le chemin 😋
J'ai faim ! 😋