19 août 2022 : 29 mi / 47 km - D+ 1600m / D- 2000m - Total : 2408 miles / 3881 km
Comme hier, le temps est couvert et quelques gouttes se mettent à tomber, mais rien de bien significatif permettant de dire que ce sera une journée de pluie.
Je suis donc toujours à 2 jours de pluie sur toute cette aventure sur presque 4 mois. Ça paraît tellement incroyable.
Aujourd’hui, je replonge dans la forêt et ne la quitterai pas de la journée.
C’est aussi une journée de montagnes russes. On ne monte jamais bien haut, ce qui permet de garder un bon rythme, mais ce sont des montées bien raides toutes autant que les descentes. Et le schéma se répète toute la journée.
Mon rythme ressemble à celui d’hier avec le mal à l’épaule gauche une bonne partie de la matinée. Je suis donc plutôt cool avec une moyenne de 4,5 km/h.
Puis, après la pause déjeuner, où je rencontre un couple de français « Freezy » et « Morning coffee », je repars un peu plus vite et vers 16h, mon rythme s’accélère nettement et je suis au-delà des 5 km/h. Je ne me force pas à aller plus vite. Je suis le rythme ordonné par mon corps et mes jambes.
Je tombe sur des cueilleurs d’huckleberries. Je me fais confirmer la baie auprès d’une cueilleuse qui m’en offre une poignée. Enfin je sais à quoi ressemble le fameux huckleberry du Washington.
C’est très bon. Le goût est familier mais je ne sais pas vraiment à quelle baie ça ressemble. Ça se traduit par « airelle », mais le goût est pour moi plus proche de la myrtille, en un peu moins sucré. J’avais de l’airelle le goût de quelque chose de plus acide et une couleur rouge, ce qui se traduit par ailleurs par cranberry. Il doit y avoir plusieurs sortes d’airelles.
Il faut bien reconnaître que dans le registre des baies, il y a de quoi s’y perdre.
Les anglo-saxons semblent avoir une façon plus simple que nous pour se repérer en jouant en partie sur la nuance des couleurs : blueberry, Blackberry, salmonberry, red currant…
Le Washington regorge de ces baies. Je n’ose pas toutes les cueillir, mais j’ai reconnu et fait le plein de mûres, de huckleberries donc, de myrtilles, et de salmon berries...
Après les cueilleurs, je retombe un peu sur les mêmes hikers que les 2,3 derniers jours.
Pas mal de couples d’ailleurs : un couple de slovaques, le couple de français, le couple Yeti legs et Base camp, et un autre couple d’américains dont Slansha (« Santé » en gaélique), qui doit avoir à peu près mon âge.
Je refais le coup à Yeti legs et Base camp, de les doubler dans une montée sèche et Base camp se marre en me mettant un coup sur l’épaule.
Cela donne l’occasion de discuter un peu plus avec eux. Ce sont des traileurs aussi et quand je leur parle de l’UTMB, ils s’arrêtent net pour me dire que c’est leur rêve de faire cette course.
Depuis quelques jours, les petits losanges dans les arbres qui devaient certainement être, à l’origine, des marqueurs du PCT sont de plus en plus fréquents. Ils attirent notre attention avec des messages au marqueur qui ont remplacé les signes du PCT effacés par le temps. Je crois que nous sommes tous à un point psychologique et physique qui nécessite des encouragements, des coups au moral. Ces messages tantôt très motivants, tantôt très drôles ( le "no pain, no gain, no Maine", me fait hurler de rire) nous réunissent et produisent leur effet, et pourtant, ce n’est qu’un morceau de métal qui souvent est recouvert par l’écorce de l’arbre. La nature fait son oeuvre et reprend ses droits.
La recherche d’un campement promet d’être un peu compliquée car nous sommes pas mal aujourd’hui sur le chemin. Un randonneur dans le sens inverse nous a prévenu qu’il avait vu passer 63 randonneurs. Il y a des gens qui comptent le nombre de randonneurs dans une journée. Tiens, interessant !
J’en trouve un vraiment sympa mais en allant chercher de l’eau à la rivière, Yeti Legs et Base Camp se posent avant moi. Erreur de jeunesse, j’aurais dû poser mon sac.
Je décide d’avancer plus loin en prenant le risque que le prochain soit plein, mais finalement, après une montée un peu raide et la nuit qui commence à arriver, je trouve le campement que j’avais repéré et il n’y a qu’une seule tente. C’est bon, je peux me poser.
Au moment d’installer ma tente, je vois le couple de slovaques qui sont encore sur le chemin. Je pense qu’ils vont prendre le 3ème emplacement qui reste mais il décident de continuer encore. Ils sont déterminés.
J’ai fait 47 km aujourd’hui et je ne pourrai pas en faire un de plus !
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