20 août 2022 : 13 mi / 21 km - D+ 800m / D- 800m - Total : 2421 miles / 3902 km
C’est bien la première fois depuis le début de mon aventure que je ne suis pas réveillé par les lueurs du soleil.
Le temps est en effet couvert ce matin et le taux d’humidité est incroyablement élevé depuis hier.
Je suis arrivé trempé hier soir à mon campement et pourtant, il n’est pas tombé une seule goutte. Je pensais que ma chemise allait sécher pendant la nuit mais je la retrouve encore humide ce matin et avec elle la sensation désagréable d’enfiler un vêtement mouillé.
Aujourd’hui, je me rends à Snoqualmie, petite bourgade un peu perdue dans la Chaîne des Cascades qui témoigne par son nom de l’héritage indien et que l’on retrouve régulièrement dans le Washington.
Snoqualmie est réputée pour ses chutes d’eau appelées « Twin », nichées au coeurs de sommets volcaniques … Alors, vous voyez à quoi je fais référence ? Twin… sommets… bourgade un peu paumée…
Bingo ! Snoqualmie a servi de décor à la série culte « Twin Peaks ». Ça vous pose tout de suite le cadre ! Mais qui a tué Laura Palmer au fait ?
En réalité, ce n’est pas la ville que le PCT traverse mais le « Summit » de Snoqualmie, autrement dit une petite station de ski, au demeurant plutôt réputée. Me voilà un peu plus rassuré.
Direction donc Snoqualmie à un rythme très tranquille. Je pense être un des derniers randonneurs à lever le camp mais je croise toutefois Yeti Legs et Base Camp au bord du premier lac de la matinée qui me sert de réapprovisionnement en eau.
Je n’ai pas beaucoup de km à faire aujourd’hui, une 20aine, alors je ne me presse pas.
Un colis m’attend à l’hôtel du Summit et j’envisage de passer la nuit dans le « Washington Alpine Club ». C’est « Early Bird », Clémentine, qui m’a donné le tuyau. C’est un chalet qui fait gîte. Ça me rappelle les ALPES encore une fois et ça me fait du bien de me dire que je peux dormir dans ce qui peut ressembler le plus à un refuge.
La comparaison aux Alpes que je me fais régulièrement en marchant dans le Washington s’arrête toutefois à la typologie atypique de la Chaine des Cascades qui rappelle, par ses colonnes de basalte et ses pierres de lave, que nous sommes au coeur des volcans.
Le Summit de Snoqualmie est aussi réputé pour sa brasserie (DRU BRU) avec uniquement des bières locales. C’est un incontournable pour des soiffards comme nous.
La pause est prometteuse.
Après la traversée de quelques lacs, je me retrouve dans une forêt qui parait tropicale car l’humidité y est très forte et surtout à cause de ce qui semble être de la pluie qui se met à tomber soudainement sur des espaces très réduits. C’est une sensation très étrange. J’ai l’impression que ce sont les arbres qui se délestent d’un trop plein d’eau accumulé dans leurs branchages très luxuriants. Et en même temps, j’ai l’impression que c’est davantage l’air humide qui me mouille que de l’eau à proprement parlé. Je n’ai jamais ressenti ça.
Après être sorti de cette forêt, j’entame la descente vers la station de ski que je reconnais aux télésièges. Je devine que je ne suis pas loin d’arriver aussi par les randonneurs à la journée que je croise et qui sont faiblement équipés, baskets légères, petits sacs à dos…
Je suis applaudi par certains d’entre eux comme si Snoqualmie était l’arrivée du PCT. Cela me rappelle encore une fois le début de mon aventure lorsque j’étais encouragé par des gens qui savaient que je démarrais un long et fou périple. Les gens savent d’où nous venons et tout ce chemin parcouru.
Je sais, par les photos que m’ont envoyé mes compagnons de route il y a quelques jours, qu’il y a un trail angel qui s’est installé depuis plusieurs jours ou même semaines au bout du chemin. Aussi, j’accomplis le long serpentins qui mène jusqu’à Snoqualmie alors que je pourrai céder à la tentation de couper à travers champs et suivre directement la colonne des télésièges jusqu’au pied de la station.
J’arrive en fin de matinée au campement dressé par le trail angel dont j’aurais dû me souvenir le nom par son physique de bûcheron très marqué.
Etonnement, je suis seul et un des rares à avoir déjà atteint le village.
Je sais que dans la caravane de cet ange se cache des trésors de liquide aux parfums d’alcool fort (photo prise par Pirate avec du Jack Daniel), mais il est encore tôt et la raison me fait accepter un coca que j’accueille comme un cadeau des Dieux.
Je reste de bonnes minutes à échanger avec ce trail angel et son ami, puis redescend sur la station en quête du Washington Alpine Club.
Lorsque j’arrive, je suis enchanté par ce charmant chalet mais je m’inquiète de la disponibilité puisque je n’ai pas réservé. Le propriétaire vient à ma rencontre et m’accueille par une question qui m’étonne « est-ce que tu es malade » ? J’imagine qu’il me la pose en raison du COVID qui doit encore traîner un peu… Je lui réponds que je suis en parfaite santé mais son insistance me fait comprendre qu’il s’agit d’autre chose.
Le chalet est malheureusement complet en raison du weekend. Mais je reste interrogé par sa question. En remontant dans le village, je comprends par l’attitude des gens, des visages masqués, qu’il se passe autre chose.
J’investigue la question et on m’apprend qu’un virus du nom de NORO, a frappé la communauté de hikers de manière très agressive et soudaine.
Beaucoup de randonneurs sont là depuis plusieurs jours, cassés par ce virus qui, en réalité, est une fulgurante gastro.
Cela m’est confirmé par Afterparty, cette jeune randonneuse hollandaise que j’avais croisée au tout début de l’aventure et qui m’avait étonné par sa détermination malgré son inexpérience totale. Je la croise devant l’hôtel où je récupère mon colis et elle me dit qu’elle a été malade pendant 3 jours et qu’elle a dû aller se reposer dans la ville de Snoqualmie.
Je récupère mon colis à l’accueil de l’hôtel et je suis refroidi par la réception glaciale de la gérante du lieu à qui je demande à tout hasard si elle aurait une chambre de libre. Sa réponse négative tombe finalement bien.
Ce cluster de randonneurs malades n’inspire pas à un séjour prolongé. Aussi, je décide de ne pas rester très longtemps dans la station et de repartir en fin d’après-midi.
Avant cela, je ne veux pas rater l’occasion de goutter quelques bières locales et de choper un burger-frites au passage. Il y a une limite à la raison.
Je me rends donc à la fameuse brasserie. Il y a du monde rassemblé à la terrasse et un petit marché constitué aussi l’attraction du site.
Je retrouve quelques têtes familières : Pete l’anglais, Star, Flamingo, Yeti Legs et Base Camp à qui j’avais promis une bière en les dépassant il y a quelques jours.
Je repars du Commonwealth au bout de quelques heures après avoir rechargé toutes mes batteries et m’être repu de quelques bières et un hamburger-frites.
J’organise mon sac avec mon resupply et je quitte au plus vite de Snoqualmie Pass. Je ne tiens pas à m’exposer plus longtemps au NOROVIRUS.
Yeti Legs et Base Camp partent devant moi et me disent qu’ils vont camper dans la montée qui démarre d’entrée. En effet, 700m de dénivelé nous attendent et il est déjà un peu tard.
En repartant, je me fait la réflexion que je vais super bien, j’envoie d’ailleurs un message vocal à Flo et Gaspard pour sur faire part de cette excellente forme et que la suite et la fin de l’aventure s’annoncent vraiment bien pour moi.
J’envisage de faire la montée d’une traite et de couvrir les 12 km qui m’amèneront au Ridge Lake. Je risque de finir tard, mais je me suis bien reposé et la perspective de dormir au bord du lac me plait, comme d’habitude.
Je n’aurai jamais dû me satisfaire trop vite. A peine la montée entamée, je ressens des douleurs gastriques. J’essaye de ne pas penser au Norovirus. Il n’est pas possible qu’il soit fulgurant au point de l’attraper en une journée… J’arrive à la hauteur de Yeti Legs et de Base Camp qui viennent de poser leur tente. Je fais mine que tout va bien et que c’est la raison qui me fait poser la tente juste à côté d’eux.
En fait, je ne me sens pas très bien. A peine la tente posée, je suis pris d’une brusque diarrhée dont je vais éviter les détails.
Pas besoin de docteur, le diagnostic est implacable, j’ai chopé cette saloperie… Mais Comment est-ce possible ?
J’essaye de positiver en me disant que les effets ne seront pas très forts. J’ai déjà eu des gastros auparavant et elles n’ont jamais été très fortes.
La nuit s’avère toutefois agitée et je dois me lever plusieurs fois. Pas de vomissements, juste un peu barbouillé et la diarrhée. Ma trousse de secours va pouvoir enfin me servir. 4 mois que je trimbale quelques médicaments rudimentaires et qui n’ont heureusement servi à rien, si ce n’est à m’alourdir un peu. J’ai un peu de Spasfon et du Doliprane.
J’ai dû attraper le Norovirus un peu avant Snoqualmie. C’est dur à imaginer en pleine nature mais sûrement à une pause avec d’autres hikers.
Je verrai bien mon état demain matin.
Incroyable ce virus !!! 😱