top of page
Rechercher

Day 128 PCT : Chelan County - Km 4033

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 17 août 2023

26 août 2022 : 25 mi / 41 km - D+ 1750m / D- 1600m - Total : 2534 miles / 4045 km

J’ai souvent eu la tentation de donner des titres à mes journées autres que les lieux géographiques traversés.

Aujourd’hui, malgré les 2 caps kilométriques importants franchis, 4000km et 2500mi, je l’appellerais bien « festival de la faune sauvage ». (L’originalité moyenne de ce titre me confirme que les titres géographiques, c’est bien finalement !).


C’est marrant car en franchissant ce matin le marqueur des 4000 km, je me faisais 2 réflexions sur les animaux dans l’Etat du Washington.

D’abord, malgré la richesse de la flore et des types de paysages, la faune, qui normalement devrait suivre la même courbe d’abondance, me semble moins pourvue qu’à l’accoutumée. Je ne vois plus beaucoup d’animaux comme les cerfs ou les biches, qui sont les animaux, après les chipmunks et les écureuils, que j’ai vus le plus et parfois plus que d’humains dans une seule journée.

C’est comme s’ils avaient été refoulés à la frontière de l’Oregon et du Washington.


Deuxième réflexion ou plutôt envie : revoir un ours avant de finir l’aventure mais plus longtemps que les 4 fois précédentes.


Alors par quoi est-ce que je commence ce festival ?

Eh bien dans l’ordre.

D’abord, je suis surpris, dans l’après-midi, de voir un beau cerf en plein milieu du chemin. A t’il échappé au contrôle douanier ?

Il me fixe statufié, je le regarde émerveillé, nous nous soumettons à notre confiance respective pour nous laisser chacun reprendre le cours de notre avancée.


Je suis stupéfait de cette rencontre comme si c’était la première.

La beauté n’est jamais banale, l’émerveillement ne connait pas de lassitude.




Je poursuis mon chemin dans un décor que j’apprécie énormément.



Je marche sur une sorte de crête cet après-midi et l’espace est ouvert sur de belles prairies en contrebas du chemin avec en arrière plan la chaîne montagneuse des Cascades.

Par ailleurs, je retrouve ce petit côté alpin qui me plaît bien.

De beaux lacs d’altitude comme le Pear Lake ce matin ou le Sally Ann et le Reflexion Lake cet après-midi m’invitent à me poser, à contempler et cerise sur le gâteau, à me baigner.






Je décide de pousser jusqu’au marqueur des 2500 miles pour faire une pause et prendre de l’eau.

Au moment où je cherche quelle originalité je vais trouver pour célébrer cet avant dernier marqueur, il me semble apercevoir un ours brun qui traîne dans la grande prairie au bord du chemin.

Je bondis immédiatement et me rapproche. C’est bien un ours, d’une taille suffisamment grande pour penser que c’est un adulte.

Mon vœu est exaucé, j’ai revu un ours dans le Washington et je n’ai pas eu à me creuser la tête pour trouver une nouvelle idée de célébration. S’il fallait encore une preuve, la nature EST une célébration.

Je m’étais souvent dit que ce serait incroyable sur l’un des marqueurs kilométriques de faire une rencontre animale. Il a fallu que j’arrive au 2500 miles, l’avant dernier marqueur symbolique pour que cela arrive. Je suis béni !



J ’avais à la base décidé de passer assez rapidement sur ce marqueur des 2500 mi, mais là, je profite de cet ours. Il est suffisamment loin pour qu’il n’y ait pas de danger.

Alors je l’observe profiter, semble-t-il, des baies qui tapissent cette prairie. Il se met à courir par moments. A un moment, il s’assoit et regarde dans ma direction, c’est drôle.

Mon seul regret est qu’il ne soit pas un peu plus près pour que je puisse mieux le saisir.


Mais je me satisfais de ce moment en me disant que c’est une super anecdote que d’avoir, dans l’alignement des 2500 miles, un ours. Le PCT vous bénit de cadeaux comme ça. Il ne faut pas rechigner à les prendre !

Je le reçois donc volontiers et cela restera un des meilleurs souvenirs de mon aventure.



Une heure plus tard, je décide de repartir, l’ours est toujours là mais la pluie menace et il est temps de me poser la question du campement pour ce soir avant d’être rattrapé par la pluie et par les hikers qui arrivent un à un au point des 2500 miles. C’est ici aussi que se trouve le point d’eau.


Dans la longue montée qui suit, je tombe sur un couple de marmottes qui semble être dérangé par ma présence alors que le mâle commençait à rentrer dans un jeu de séduction lui permettant raisonnablement de penser qu’il allait conclure sans malentendu, en toute impunité et tranquillité.

Désolé mon vieux de gâcher cette saillie pleine d’espoir pour la survie des générations futures de marmottes Washingtoniennes.

Comme déjà observé, les marmottes dans le Washington ne connaissent pas la faim.

Elles sont suffisamment grasses pour laisser un doute sur l’espèce et pour dévoiler un pelage chamarré, presqu’automnal.

Cela part d’une queue rousse qui se poursuit sur un flanc poivre et sel avant de terminer par une tête aux teintes contrastées de brun avec des reflets radieux qui pourraient faire croire à une visite récente chez le toiletteur de marmottes.

La marmotte est coquette à l’annonce de l’hibernation, surtout s’il s’agit de faire sa petite affaire entre 2 rochers.


Le poids de la marmotte et le sifflement perçant qu’elle libère pour prévenir d’un danger n’empêchent pas les rapaces de s’y intéresser de près.

Après avoir vu ce couple, j’observe dans un couloir assez venteux, un beau rapace qui vient fendre l’air en planant gracieusement avant de se ruer sur une marmotte qu’il parvient à enserrer dans ses griffes.

A peine saisi, II prend de l’altitude et commence à emmener sa proie, mais soudain presque juste au dessus de ma tête, il la relâche. La marmotte frappe le sol et après un rouler bouler dont elle ressort miraculeusement indemne, elle parvient à regagner, chancelante, son terrier.

La marmotte est non seulement coquette, elle est résistante !

La scène est impressionnante car ils étaient tous les deux assez haut et je regrette à ce moment de ne pas avoir le talent, l’appareil et surtout la présence d’esprit de capturer ce moment.

Je me plais à penser que ma présence hasardeuse a eu un impact salvateur sur cette pauvre marmotte et que c’est en me voyant que le rapace l’a relâché.

Il n’y a rien de mal à se croire héros de la cause animale même si j’ai peu d’illusion sur ce statut.


Ce spectacle m’amène à la conclusion d’une journée riche en splendeur et en rebondissements, le mot est faible.


L’autre événement de la journée, mais celui là un peu prévu, est le passage ce matin des 4000 km.




Encore une fois, on s’attend à des milliers de choses à dire quand on passe un tel palier et à une prise de conscience.

Bien sûr, ce passage me fait repenser à tout le cheminement pour arriver là. Je pense à l’eau bien fraîche que j’ai prise ce matin d’un ruisseau entouré d’un champs de myrtilles alors que dans le désert, je prenais souvent de l’eau croupie en ayant peu d’espoir sur la fraîcheur et en faisant attention de ne pas toucher cette plante hautement urticante, le Poison oak.

Le chemin a été long en effet !

Une façon de pouvoir aussi me représenter cette distance est d’imaginer les équivalences qu’elle représente : pour les routiers, c’est 2 fois la France A/R, pour les randonneurs, c’est enchaîner 6,5 Grandes Traversées des Alpes et pour les traileurs, c’est 25 UTMB !

Pour moi, c’est, après mes enfants, la plus grande aventure de ma vie et mon rêve réalisé.



Après être resté un long moment à observer l’ours, je poursuis dans une pente moyennement forte mais progressive et longue. Le temps est couvert, il est déjà un peu tard et un léger crachin me dicte de trouver un campement assez rapidement.

Les zones de campement ne manquent pas entre le chemin montant et ce qui ressemble à une falaise mais j’ai du mal à m’arrêter et je décide d’aller jusqu’au bout de cette montée qui culmine à presque 2000m et qui m’emmène au Red Pass (Col rouge) au pied quasiment de Glacier Peak. Je sais que ce n’est pas très raisonnable car plus je monte et plus je suis à découvert et vais manquer de place pour camper, mais je prends le risque et chercherai un campement en redescendant.


En arrivant au sommet, le décor change radicalement et je bascule dans un paysage à la végétation rase, décharnée, humide, et pâle type tourbière. La brume et la nuit s’installent, la pluie commence à s’intensifier. Tout cela donne une ambiance légèrement inquiétante d’autant que je suis seul et je marche sans trouver le moindre endroit où m’installer.

2 km peuvent paraitre courts mais quand on se retrouve dans cette situation, cela devient interminable et c’est ce qu’il me faudra parcourir pour déboucher sur petite une lisière de forêt.

Il est rare que je sois heureux de tomber sur des randonneurs qui occupent un campement. En apercevant quelques tentes déjà montées, synonymes de présence humaine, j’éprouve un plaisir immense. Et en plus, je tombe sur un visage familier : Star. J’ai du mal à lui cacher mon soulagement.

Elle m’indique un super emplacement, seul, à une centaine de mètres en dessous du sien, près de la rivière. J’y file et m’installe en 2 temps 3 mouvements pour me couvrir de la pluie.

9h30 de marche aujourd’hui. J’ai un peu poussé le bouchon.





41 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page