top of page
Rechercher

Day 130 PCT : Glacier Peak Wilderness - km 4111

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 5 sept. 2023

28 août 2022 : 23 mi / 37 km - D+ 1400m / D- 1550m - Total : 2582 miles / 4122 km


La journée démarre mieux qu’hier.

Le soleil a réussi à percer dans ce brouillard et cette brume bien installés depuis 1 jour et demi.



Je parviens enfin à voir le Glacier Peak que je contourne depuis quelques jours.

J’entame une descente agréable et abondante en fougères et autres plantations luxuriantes

Je me fais encore la réflexion des petits déboires qui pimentent mon quotidien et qui sonnent la fin de l’aventure : les armatures lâches de mon sac, ma chaussure droite qui laisse de plus en plus mes orteils dépasser, vais-je finir en tongs ? La question me taraude j’avoue. Je me dis qu’au pire, c’est ce que je ferai. J’ai bien déjà vu un népalais tenter de faire l’UTMB en clic-clac !

What else ?… eh bien le pire de ce qu’on peut imaginer lorsqu’on entame un trek en sachant le parcours jalonné d’arbres à terre immenses à franchir … LA tuile à laquelle vous pensez subrepticement mais que vous vous empressez de chasser de votre esprit tant elle est cauchemardesque… alors oui, la traversée de rivières sur rondin pas plus large qu’une rame de chemin de fer et son corolaire, la chute avec le poids du sac vous entraînant irrémédiablement vers le fond pourrait être cette pensée et cela pourrait arriver dans le Washington, mais ce n’est pas à cela que je pense… mais plutôt à l’éventration du sac à dos par le fond et dans toute sa largeur, sinon ce n’est pas drôle !

Ça y est, vous avez l’image ?

Eh bien en m’engouffrant de nouveau dans la forêt et en commençant une épreuve de franchissement d’obstacles naturels, ce cauchemar vient de se réaliser ! Je franchis un tronc et en voulant sauter, je glisse et mon sac reste accroché sur les écorces. Le son du déchirement me laisse peu d’espoir sur la tragédie qui est en train de se passer…

Je tâte immédiatement le fond de mon sac et malgré l’espoir, le constat est sans appel, c’est une entaille sur toute la largeur qui libère d’un seul coup toutes mes affaires !

Je m’arrête pour enlever mon sac et constate les dégâts. Je n’ai en effet pas fait les choses à moitié.

2 réactions possibles : l’apitoiement sur un sort qui commence à s’acharner ou la résilience immédiate ! « Ah tu veux ma peau et tu crois peut-être que je vais rester coincé à quelques encablures de la frontière canadienne ! » Not today mon petit chat noir du PCT, ni les jours d’après, j’irai au bout, même si je dois finir cul-de-jatte et avec des moignons !

J’opte rapidement pour le 2ème choix même si j’avoue que de libérer un énorme « fucking shit » en pleine forêt soulage.


Je réagis donc tout de suite en refusant de me laisser abattre. Je dégaine mon fil et mon aiguille et entame une réparation qui semble un peu désespérée. Assis, je m’improvise donc couturier.

Le temps défile et la tâche est d’autant plus fastidieuse que depuis avant-hier, j’ai cassé mon aiguille en 2 lorsque j’ai recousu ma chaussure droite elle-même éventrée. La partie la plus pointue est brisée ce qui m’oblige à un effort pour planter l’aiguille dans un tissu qui de toute évidence n’est pas prévu pour être recousu. Alors que je m’efforce de planter une extrémité de l’aiguille, l’autre bout s’enfonce dans la chair de mon pouce. Je me pique autant de fois que je perce le tissu. Cela sur une longueur d’environ 40 cm, vous pouvez imaginer la douleur.

Je lutte pour rester optimiste et me dire que je vais y arriver et que ça va tenir.



Dans ces cas-là, vous rêvez de tomber sur un visage connu qui va vous rassurer et vous aider à ne pas flancher. Alors que j’arrive au bout d’1 h 30 de rafistolage, Alex dit « Baloo » débarque. Je suis heureux de le voir. Il compatit et m’offre son rouleau de scotch pour que je puisse consolider ma couture de l’intérieur.

Ça semble tenir et nous repartons ensemble sans nous quitter de la journée.



Nous marchons au milieu d’un paysage forestier qui laisse par moments deviner quelques sommets enneigés comme Plummer Mountain, Fortress Mountain, Chiwawa Mountain… La Chaine des Cascades est d’une richesse et d'une beauté inouïes.



Nous posons notre tente au bout d'un petit chemin de pierres légèrement décalé par rapport au PCT.

Je suis heureux de retrouver Star que je présente à Baloo.

C'est marrant, nous nous retrouvons systématiquement aux mêmes campements en ce moment sans même jamais marcher ensemble.






Je profite de cette accumulation de petits déboires pour livrer mon top de la lose du quotidien sur le PCT :

C’est une petite liste non exhaustive de petites ou grandes galères, de moments de frustrations qui me sont arrivés ou qui sont arrivés à mes camarades sur cette aventure. Je n’ai pas le monopole de la connerie sur le PCT, c'est rassurant, et si je l’avais, je saurais rester humble par rapport à ça ! Autrement dit, je fermerais bien ma gueule.


1- Danser des claquettes dans la descente qui arrive au campement en croyant que la montée de 1000m que tu viens d'achever était la dernière.

Les 500m de dénivelé positif à retaper en plus ne sont possibles que par l’accompagnement d’insultes bien garnies !


2- Se faire mordre par un moustique au mauvais endroit… (oui, en effet celui auquel vous êtes en train de penser car oui le moustique est un brin vicelard et ne sait plus où aller pour vous pomper... le sang) ou de si nombreuses fois que tes jambes ressemblent à des points GPS en 3D sur une carte (pas moi, fort heureusement…)


3- Devoir ressortir de sa tente pour le dernier pipi par -12° (vive la pee bottle et gloire à l’ingénieur urologue qui est tombé sur cette idée que l'on peut qualifier de brillante tellement elle soulage et évite de passer 2h à se rendormir 😜)


4- Quand tu as l’impression d’être seul au monde dans la forêt le matin et que soudain tu tombes sur un randonneur qui pose sa praline de 9h et qui pensait connaître le même moment de solitude béni.


5- S’asseoir tranquillement au bord d’un pont et observer la tranquillité de la rivière 10m plus bas soudain perturbée par la chute de ton propre sac à dos parce que dans la précipitation de la joie, tu as complètement oublié le rapport poids/inclinaison. Et ce sentiment terrible d’impuissance qui l’accompagne… Sebastian, si tu lis un jour ce post, ne m’en veux pas d’avoir tout déballé, sans mauvais jeu de mots !


6-Enfiler des chaussures gelées au petit matin d’une nuit glacée avec des chaussettes de surcroît trempées.


7- Se borner à ne pas mettre ses crampons dans la neige glacée juste pour faire genre « ça va aller » alors qu’on aurait pu gagner facilement 3h de marche. Alors qu’en plus, la sensation de marcher dans la pente sans crainte de chuter est un énorme kiffe.


8- Découvrir après 3000 Km un petit réglage sur ton sac qui permet d’ôter instantanément cette douleur dans le dos qui dure depuis autant de kilomètres.


9- Entendre le craquement d’une des lanières de ton sac et ne pas trouver d’où cela vient.


10- La chaussure neuve que tu espères faire durer environ 1000 km, et qui ne dure que 15 en s’éclatant en deux sur une pierre !


11- Le pire cauchemar en réalité reste la péripétie de cette journée et mon sac à dos qui s’accroche au passage d’un arbre laissant un trou béant de 40 cm environ et mes affaires se faire la malle.


Hélas, j’en oublie et deux fois hélas, je ne suis pas encore au bout du PCT !

76 vues3 commentaires

Posts récents

Voir tout

3 Comments


Isa Pct
Isa Pct
Sep 06, 2023

Ha, ha, mieux vaut en rire... mais après, de tous ces déboires !

C'est toute la difficulté du choix du matériel qui est posée, voyager léger c'est bien et particulièrement cher si on pousse tel un MUL, voyager solide c'est plus lourd et parfois plus abordable, c'est toute l'histoire du compromis à trouver tout en prenant en compte d'autres paramètres tels le physique, la physiologique, l'âge, les choix alimentaires, d'hygiène et j'en passe...


J'ai quand même rigolé un bon coup pour tes parties intimes partagées avec les moustiques... heureusement il n'y a pas de tiques sur le PCT ou du moins nous y avons échappé !

Like
vincentsouverain51
Sep 07, 2023
Replying to

C’est vrai ! Pour les moustiques, je n’ai pas dit que c’était moi…

Bon en l’occurrence si 😂 une piqure de tout le PCT et c’était là !

Like

Lolo Malt
Sep 05, 2023

Fan de ces déboires… et surtout je l ai entendu ce fucking shit résonner, même le grizzli a éclaté de rire 😃

Like
bottom of page