20 mai 2022 - 26 mi / 43 km - D+ 650m / D- 1150m - Total : 548 miles / 880 km
30eme journée que je qualifierai de folle !
J’ai décidé de la découper en 2 parties :
1ere partie jusque Hiker Town, 12 kms en descente avec vue sur le désert, à la fraîche, détendu du …
2eme partie en fin de journée pour justement traverser le désert et ce qui constitue l’attraction de la section entre Agua Dulce et Tehachapi, l’Aquaduct de L.A.
La raison de ce départ tardif est d’éviter les coups de boutoirs du soleil pendant presque 30 km.
En arrivant à Hiker Town, je croise un hiker dans le sens contraire qui me lance un « welcome to crazy Town » en dodelinant.
C’est marrant parce que j’ai déjà entendu plein d’histoires cocasses voire coquines sur cette ville. (Cf. Vidéo).
Plutôt qu’une ville, c’est un endroit des plus étranges au milieu de virevoltants et du désert dans un décor un peu Carton-pâtes de Far West.
Derrière le city hall, le saloon, la réserve minière… se trouvent en réalité des chambres où on peut passer la nuit. Pas la peine de réserver. Il y aussi une poste qui permet de recevoir les colis des hikers.
En fait, comme son nom l’indique, c’est un endroit dédié aux hikers, qui généralement font la fête, se maquillent, ou se reposent tout simplement, avant d’affronter 30 km de désert. C’est donc aussi l’endroit où il ne faut pas oublier de faire le plein d’eau.
En tout cas, mon impression est bonne car une nouvelle fois, comme dans ces nomadlands que j’ai déjà croisés depuis le début, faits de briques et de brocs et où les gens vivent de peu, l’hospitalité se démarque.
On nous sert quelques fruits, melons et pastèques, et une « concombronade », une citronnade mais avec des concombres ! Jamais vu ça encore mais c’est rafraîchissant.
On nous offre également le trajet vers la supérette la plus proche pour nous ravitailler et prendre un burger au passage : le neenach cafe.
Par contre, comme tous les petits magasins sur le trajet du PCT, il y a une tendance à faire grimper les tarifs. Les hikers ont les crocs, c’est bien connu.
Je passe une bonne partie de l’après-midi sous une tonnelle au milieu des hikers et du petit groupe avec qui je fais la route.
Après une douche et une lessive à l’arrache, nous décidons de repartir ensemble vers 17h pour une longue traversée du désert et de l’Aquaduct de LA.
A ce point, des hikers souvent se regroupent pour briser la monotonie de cette traversée et éviter d’être seul en cas de défaillance.
Qu’est ce que ce fameux Aquaduct ?
C’est en réalité un acheminement d’eau, puisée dans la Sierra Nevada via la rivière d’Owens, par la ville de Los Angeles pour fournir toute la mégalopole en eau.
Cet acheminent se fait par voie souterraine recouverte de béton ou par un gros tuyau sous haute pression.
Cet aquaduct n’est pas sans controverse pour ceux qui n’habitent pas LA car la ville se sert gracieusement de cette eau en asséchant la vallée environnante.
Nous repartons donc de Hiker Town en marchant sur ce « pipe » et c’est assez dingue de se dire qu’il suffirait de percer un trou pour que toute la ville de LA soit coupée d’eau !
Fou et paradoxal également de se dire que nous allons manquer d’eau pendant 30km alors que nous marchons sur des gigalitres!
Mais c’est la tradition du PCT, alors pendant plusieurs kilomètres, nous marchons sur ce tuyau.
Le paysage est très atypique par rapport à ce que j ai connu depuis le début et très rectiligne, mais je ne ressens pas de monotonie car nous arrivons à nous en amuser : un duel sous le soleil à coup de bâtons de rando s’improvise entre Adam et moi.
Le sentier est bordé de Joshua trees. C’est la première fois réellement que j’en vois et je suis épaté par cet arbre que U2 a rendu célèbre.
Après le tuyau, c’est la partie béton de l’Aquaduct qui nous attend heureusement longé d’un chemin fait d’un mélange de sable et de graviers.
Nous nous postons sur un des blocs de béton, espèce de regard, pour prendre le repas du soir et sous le soleil couchant.
Les sunsets dans le désert ont quelque chose de différent je trouve des autres couchers de soleil. Ils font ressortir des couleurs un peu pastel du sable, des virevoltants et autres buissons au raz du sol.
Le ciel déploie également une palette de couleurs bleu-rouge-oranger saisissante.
Et puis, qui n’éprouverait pas d’émoi devant un coucher de soleil au milieu de plantations de Joshua trees par milliers.
A la nuit tombée, le sentier devient un peu plus monotone et rien ne permet de poser sa tente. Il n’y a que du terrain instable et des bruits de souris constants.
Il faudra bien couvrir les 30 km jusqu’au point d’eau de Cottonwood où quelques emplacements sont disponibles.
Je compte les derniers kilomètres un par un et j’arrive à ce point d’eau en zigzaguant, épuisé.
Le groupe est là mais aucun mot ne sort.
Derrière les non-dit, le même épuisement et qu’une envie, aller vite s’engouffrer dans les sacs de couchage.
Je ne prends même pas le temps de poser la tente, trop fatigué.
Ce soir, ce sera ma première expérience de « cowboy camping », à la belle étoile, mais je n’aurai pas besoin de compter les étoiles…
Trop drôle la photo a la belle étoile 🤣🤣
Fallait faire hiker town avec Adolphe 😉. Et ça me fait penser à Chinatown, le film, cette arrivée d'eau pour Los Angeles. Bon courage Vince
Alors, des propositions ou bien ? 🤣
Waouh se retrouver au cœur d une chanson de U2, le rêve comme le montre tes superbes photos! Par contre lorsque tu descends vers cette coquine town que d arbres calcinés et ce pipeline si vulnérable, cela interroge !
Tu fais de sacrées étapes... chapeau bas !