Day 40 PCT : Kennedy meadows - Km 1132

30 mai 2022 - 9 mi / 15 km - D+ 350m / D- 300m - Total : 718 miles / 1155 km

Encore 10 miles et j’arrive à Kennedy Meadows…je suis excité à l’idée d’y être car c’est un lieu mythique et symbolique du PCT que j’ai vu tant de fois en vidéo et que je me suis représenté de maintes façons.

En effet, c’est un quart du PCT que vous avez effectué en arrivant, soit exactement 702 miles et ça parle dans le milieu des hikers. Vous commencez à « être pris un peu au sérieux ». D’ailleurs, la tradition veut que vous soyez acclamé à l’arrivée par les autres hikers déjà assis en terrasse.

Kennedy Meadows marque également la fin de la Californie du Sud et l’entrée dans les fameuses Sierras.

Je suis vraiment heureux d’être arrivé là, car pour l’instant tout se passe à merveille : nous sommes bénis par le soleil depuis 40 jours et physiquement, à part une petite inflammation du tibia gauche en repartant de Tehachapi que j’ai eu pendant 3 jours mais que j’ai su soigner à coup de massages au Voltaren, je vais très bien. Les pieds n’ont subi que très peu d’ampoules. Vraiment, je me sens chanceux d’être là et en excellente forme.

Je pense même que je deviens plus fort musculairement pour ce dont j’ai besoin pour marcher car pour le reste, j’ai plutôt perdu de la masse. C’est assez visible au niveau du torse, des hanches et des cuisses.

La perte de poids est une réalité qu’il faudra surveiller pour ne pas être carencé ou pour éviter d’arriver à un point où je me contente de peu alors que le corps a en réalité besoin d´autant de calories qu’il en dépense.

Je ressens désormais quand je puise dans mes réserves lorsque par exemple je retarde une pause le matin pour prendre une bar de céréales. J’ai faim dans un premier temps et si je laisse passer, les réserves prennent le relais produisant un léger mal de ventre et la faim est coupée. C’est là qu’est le point de vigilance.

Je le vois aussi lors des pauses en ville qui sont l’occasion de se refaire une santé.

Je n’ai aucun état d’âme à commander par ex des burgers triple viande, mais parfois j’arrive vite à saturation. On pourrait croire à des orgies de nourriture pour rattraper toutes les calories perdues comme on le voit parfois dans des vidéos, mais ce n’est pas forcément le cas.

J’arrive également à maîtriser davantage les paramètres « techniques » dirons-nous, comme mon matériel ou les paramètres inhérents ce type d’aventure comme la gestion de l’eau en fonction de la météo et du dénivelé, la gestion des temps de pause, des kilomètres par jour.

Je suis désormais à un rythme de 20 miles minimum par jour et j’arrive parfois à 22/23 avec 2 jours à 30 miles, et 3 zero days.

J’arrive également à bien m’acclimater à la météo. Je pensais vraiment souffrir de la chaleur mais je m’y fais et elle ne freine pas trop mon avancée.

La maîtrise de ces paramètres se fait naturellement, je n’ai aucun esprit de performance ou un plan de charge avec une montée en puissance prévue.

Je me laisse porter par le chemin, mes envies, mes capacités, mes camarades et surtout par le moment présent.

D’ailleurs c’est marrant car j’avais fait un plan au départ que je regarde rarement et uniquement pour regarder les points d’étapes pour les ravitaillements et finalement j’arrive exactement à ce que j’avais prévu : 40 jours, le 30 mai 2022 !

Mon aventure se passe donc incroyablement bien. Quoiqu’il arrive je suis fier de ce que j’ai déjà accompli, et je ne vois pas pourquoi ça ne continuerait pas. En tout cas, je suis déterminé et encore plus motivé pour aller au bout de ces 5 mois.

Je pensais connaître quelques galères mais heureusement, je n’ai pas grand chose à raconter sur ce plan.

Plus que la chaleur, c’est sans doute le vent qui me gêne le plus comme hier où avant d’arriver au campement, il a fallu se dresser immobile pour résister à ses asssauts et aux tentatives de nous faire tanguer.

Le vent a également tendance à jouer sur le nerfs.

40 jours donc… 1132 km… environ 25000 m de D+ et une moyenne de 28 Km par jour en comptant les jours à zero : 3 et quelques jours à nero.

Mais ce ne sont pas les chiffres qui comptent.

Les 3 choses que je retiens pour l’instant mais j’en ai déjà parlé : les paysages, les rencontres avec les hikers et les « anges du sentier ou de la route », et le fait de pouvoir me centrer sur moi. Tout ceci résumé en quelques mots : immensité, diversité, simplicité, générosité.

Cette journée est aussi tranquille que la veille et nous profitons d’être entre potes.

Un étang, quelques rochers, comme promontoire pour de belles photos et une pause snack, et une maison paumée avec une parabole si énorme qu’elle permettrait de capter les secrets de l’univers.

Nous plaisantons sur cette cabane et émettons quelques hypothèses :

1- Charles Ingalls n’est pas mort

2- un membre de cartel a dénoncé ses camarades et il a plutôt intérêt à la jouer profil bas

3- Paradis fiscal

4- Engueulade de couple, le mari fait 300 bornes dans le désert pour descendre son 24-pack de Budweiser en matant son petit canal tranquilou.

C’est fou quand même de trouver une « maison » en plein milieu de rien !

La Plaisanterie nous fait rater le marqueur des 700 miles.

Alors je m’en fais un perso… une danse de célébration comme d’hab’ et à nous Kennedy Meadows !

J’y arrive au bout d’une route goudronnée qui laisse la place à une vieille station service à 6,79$ le gallon de gasoil, et à l’échoppe qu’on appelle General store. De la terrasse, viennent comme prévu les sifflets et les applaudissements ponctués de « congrats »!

Pour

les sifflets, je reconnais les aiguës d’Adolphe !

Je rends les applaudissements car c’est en effet un sacré chemin que nous avons tous parcouru !

Comme souvent dans les points d’étape, je retrouve des têtes familières et parmi elles, Gaspard « Yoshida » et Flo. Je suis content de les revoir.

La French connexion se reforme chez Grumpy Bear autour d’un burger spécial Hiker. Je vous laisse deviner les proportions qu’il peut y avoir !