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Day 46 PCT : Forrester Pass - 4000m - Km 1268

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 10 janv. 2023

5 juin 2022 : 15 mi / 23 km - D+ 1500m / D- 1550m - Total : 823 miles / 1323 km


Hier, je suis arrivé de nuit sur le plateau de Big Horn pour établir mon campement.

Pour la 1ere fois depuis longtemps, je me retrouve tout seul et je suis à 3300m. Aucune tente aux alentours. Mais cela ne me déplaît pas.

Le matin, je découvre les lieux.

Ce décor est très atypique, je n’ai jamais été dans un endroit pareil depuis le début.

J’ai l’impression d’avoir été transporté d’un coup dans des steppes mongoles. Paysage lunaire, sorte de grande plaine sauvage, rugueuse, presque nue, hors du temps et propice au nomadisme.

Elle offre une vue incomparable sur les montagnes aux névés épars, et entre autres le Mont Whitney.

C’est bien la première fois que j’arrive à le voir distinctement.

En effet, la caractéristique du mont Whitney lorsque vous le grimpez est que nous ne le voyez jamais sauf à l’arrivée.

Levé juste avant le soleil, je contemple les premières lueurs qui percent à travers quelques nuages. J’ai l’impression que des boules de feu ont été déposées au creux des montagnes. C’est saisisant !



Je démarre toutefois dans la fatigue d’une longue journée effectuée la veille et du rhume que je traîne.


Dans la descente, en m’arrêtant pour prendre mon eau. Je retrouve mes compagnons de route qui en fait avaient dormi en bas du plateau.

Chacun reprend sa route et son rythme.

Nous prévoyons de nous retrouver juste avant de passer le col de Forrester.



Le col de Forrester est officiellement le point le plus haut du PCT : 4000m.

Cela fait deux 4000m en 2 jours, et en plus cette fois-ci, j’ai le sac à son poids normal, à savoir donc toujours trop lourd.

C’est sans doute pour cela que j’éprouve un peu plus de difficulté ce matin. Je ressens un peu plus les effets de l’altitude sans que ce soit non plus un frein à mon avancée.


L’approche du col est énigmatique, je me demande bien où il se trouve exactement et par où nous allons passer.

Il y a forcément une issue quelque part, mais où, car je ne vois pas d’autres hikers, ni de lacets inhérents au franchissement des cols ?

Il faut dire que le paysage calcaire rend très difficile de distinguer quoique ce soit.



Ce n’est qu’une fois arrivé au pied que j’entrevois la petite fissure permettant le passage et en retraçant le chemin que je vois des randonneurs grimper. Cela donne l’impression que nous allons passer dans une tête d’épingle.

Nous nous retrouvons à 5 et nous montons à peu d’intervalle.

La fin du col se fait dans des lacets très serrés et très raides.

C’est finalement un peu plus large qu’une tête d’épingle mais on n’y mettrait pas un 38 tonnes non plus!

C’est marrant car la vue du col d’en bas donne l’impression d’un paysage très rugueux, aride et presque monotone mais une fois en haut, la vue est splendide.

Les lacs que je traversais ont désormais une perspective, les roches sont saillantes, tous les éléments ont du relief et se fondent pour former un tout cohérent.


Le passage d’un col est toujours l’occasion d’une pause et de congratulations.



La descente est à l’opposée de la montée. Un gros passage de neige nous attend et comme le sentier est invisible, il n’y a d’autre choix que d’aller tout droit.

On devine par les traces d’un toboggan naturel que les gens se sont plaisir à se laisser glisser.

J’aime me prêter à ce genre d’exercice quand l’occasion se présente. Un côté un peu enfant que je ne renie pas. Et puis c’est quand même un peu de temps de gagné à condition d’accepter d’avoir le bas du dos gelé et mouillé pendant un instant.

Je me laisse donc glisser glisser bras levés.



Le reste de la descente se fait dans une humeur joyeuse.

La vue plongeante est magnifique et interessante car on voit les différents niveaux d’altitude et donc de paysages.

D’abord la neige donc, puis de nouveau la roche sédimentaire, et enfin tout au fond la forêt, qui est mon objectif pour faire la pause déjeuner.



J’y arrive au bout de 2 bonnes heures et pour le déjeuner comme prévu, que je prends avec Mad Ermit, après avoir traversé ensemble notre première rivière un peu difficile. Il a fallu remonter le cours de cette rivière pour trouver le bon endroit ne représentant aucun risque.


Nous avons une discussion très intéressante sur la solitude de la marche et même de la démarche de notre cette aventure.

Nous sommes tous les 2, bien qu’ayant des situations très différentes, dans une perspective et un principe de marcher seuls, mais bizarrement le fait de nous retrouver ponctuellement en groupe, ne nous apparaît pas comme contradictoire à notre démarche.


Paradoxalement, nos solitudes nous rapprochent.


Je le laisse partir devant moi, même bien devant puisque ma traditionnelle sieste d’un quart d’heure se transforme en un sommeil profond d’ 1h30.

La fatigue me tombe littéralement dessus et j’ai peine à repartir. Pendant 1h, je marche endormi et c’est en revoyant la French connexion, Flo et Gaspard que je me réveille un peu.


Il est toujours difficile de répondre à la fameuse question : « est ce que ton séjour est tel que tu l’imaginais ? »


Pour la première fois depuis le début, je peux dire que si j’avais une image des Sierras en tête, c’est celle que je suis en train de traverser lors de cet après-midi.

Je marche le long d’ un chemin forestier tranquille, au rythme de la rivière qui coule à mes côtés, avec en surplomb et très proche, la montagne granitique aux multiples reliefs, et partiellement maculée de neige. Le tout sous un beau soleil.

Tous les éléments sont réunis, même les animaux, des chipmunks qui se coursent sur un Sequoia couché au sol, et des biches qui se devinent derrière les feuilles de quelques jeunes chênes.

Je cherche toujours le roi des Sierras, l’ours noir. Lui seul manque à ce décor de rêve.



C’est après une montée d’à peine 2 miles que j’établis mon campement en face d’un sommet baigné par le soleil de fin de journée.




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3 commentaires


Richard PRADES
Richard PRADES
16 juin 2022

Génial 👍 🏔 🧗‍♀️ trop fort Vince ! Bises

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Isa Pct
Isa Pct
16 juin 2022

Prends soin de toi !

Je garde un super souvenir du Forester malgré avoir serré les fesses dans les derniers névés qui tenaient par l'opération du Saint Esprit au dessus du vide sidéral et une rage de dents lancinante qui m'envoyait la gégène. Finalement un plombage a sauté dans la foulée et j'ai pu finir le tracé "cool" car le mal s'est endormi jusqu'à ce que je puisse revoir mon dentiste bien plus tard en France ! 🤒

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jeromeglantzlen
16 juin 2022

Tu vas prendre un rhume des fesses tizote ! 🤣

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