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Day 90 PCT : Oregon border - Km 2723

vincentsouverain51

Dernière mise à jour : 11 janv. 2023

19 juillet 2022 : 26 mi / 42 km - D+ 1450m / D- 1300m - Total : 1764 miles / 2838 km




L’objectif de la journée est clair cette fois : Atteindre l’Oregon.

Je repars de Kangourou Spring après cette longue montée de Seiad Valley hier, qui je crois a été la plus dure depuis le début du PCT.

C’est fou de se dire ça après avoir traversé les Sierras et au moment où j’atteins l’Oregon.

3 mois que je suis dans la Californie et c’est l’avant dernière journée qui finalement s’avère être la plus dure en dénivelé, en tout cas pour moi.

Comme un symbole de ce qu’est la réalité du Nord de la Californie, tout sauf un long chemin paisible.

Je comprends, ou j’essaye en tout cas, ceux qui lâchent mentalement après les Sierras s’imaginant qu’ils vont y trouver plus de douceur dans la pente.

C’est fou également de me dire que ça fait donc 3 mois et 2700 km que je traverse la Californie, et que je vais quitter cet État aujourd’hui.

La curiosité d’arriver dans l’Oregon explique l’émotion du jour mais je crois que le fait de quitter la Californie est encore plus émouvant.

En même temps, je ne m’attends pas à un changement radical en posant le pied dans l’Oregon, les arbres ne vont pas changer de couleur, les animaux ne vont pas disparaître et même si on annonce un État plus plat, je ne m’attends à une promenade de santé. En tout cas dans le sens « répit » de l’expression car je confirme que la marche soigne et fait du bien!

Je me demande toutefois ce que réserve cet État comme particularités, dans sa géographie et son organisation. Dans le Sud, le désert et le manque d’eau, dans les Sierras, les cols, et dans le Nord de la Californie, les incendies. Quid de l’Oregon.






Je retrouve Thierry, le Suisse, sur le chemin et nous passons un peu de temps à discuter, mais aujourd’hui, comme parfois cela m’arrive sur le chemin et surtout quand j’arrive à un point d’étape important, j’ai envie d’être un peu seul et de terminer la Californie solo.

Souvent, on me demande ce que je peux bien faire de cette solitude, à part marcher bien évidemment.

Est-ce que cette solitude me donne le temps de réfléchir, de prendre des décisions pour plus tard, ou de repenser au passé ? Eh bien, non.

J’en suis le premier un peu surpris car je pensais en effet que se présentait là une occasion unique de réfléchir, de faire des choix…

Cela peut m’arriver mais finalement très peu. Marcher, faire corps avec les éléments qui m’entourent, profiter des paysages et des rencontres, jouir de l’instant présent sont les choses qui me remplissent et me satisfont amplement. Je n’ai pas besoin de penser à autre chose, de méditer.


Cela n’empêche pas de me parler. Je me parle beaucoup en réalité, et à différentes personnes, c’est marrant.

C’est le « Je » qui prévaut bien évidemment mais souvent le « on » comme dans « on va y arriver », « on les monte tranquille ces 2000 m de dénivelé »… alors étant affublé d’un trail name, il serait facile de déduire que je cohabite avec mon double. Pas impossible non plus que nous soyons plusieurs dans ma tête dans les moments d’extrême fatigue par exemple où un petit coup de pouce des copains est convoqué. Je rassure tout le monde, je ne connais jamais ces moments d’hallucinations que je connais parfois sur l’ultra trail, et qui pourraient expliquer ce « on » aussi.

Je me dis aussi que parfois, c’est peut être tout simplement l’ensemble de mes membres que je convoque, jambes, têtes, bras, dos … allez la compagnie « on » fait le boulot.

Parfois c’est le « tu », un peu plus péremptoire, qui prend le relais, peut-être encore une fois l’intervention de mon double U-Turn pour lui demander de se taper les tâches ardues ou pour arriver à prendre un peu de distance quand je dois me secouer un peu : « mais tu vas te bouger ouais!! », « mais qu’est ce que tu fous aujourd’hui ? »…

Quant au « il », bien qu’il pourrait signifier que j’ai du mal à me rendre compte de ce que je suis en train de faire, je ne l’utilise jamais et heureusement. Il faudrait peut-être envisager l’internement.




L’instant de quitter la Californie est proche.

Je marche sereinement le long d’une magnifique prairie, grimpe encore un peu sinon ce ne serait pas la Californie et entre dans une forêt de pins aux hauteurs infinies.

Je me ravitaille une dernière en eau dans cet Etat et constate que l’ingénieur en eau a encore frappé, ce petit génie qui a trouvé une idée somme toute assez simple, mais qui ne vient qu’une fois qu’on l’a vue !

Le dispositif consiste à placer une feuille d’Aloès à un point de chute de l’eau et de la coincer avec quelques pierres. Voilà qui vous permettra d’avoir un débit décent et de gagner du temps à remplir votre poche à eau.



La frontière n’est plus qu’à quelques mètres et je me demande qui sera là. J’espère pouvoir y trouver quelques hikers pour célébrer le fin de la Californie et l’entrée dans l’Oregon.

J’entends quelques clameurs et suis très heureux de retrouver ma petite « famille du Trail » ainsi qu’Orion, Chicken, Lucia et un peu plus tard, Freebie et Burrito !

Orion met un peu de musique dont le très entrainant « Footloose » que je me repasserai en boucle tout au long de l’Oregon et du Washington, et on fait quelques photos goofy. Chicken a apporté du whisky pour l’occasion. Je prends une petite rasade et fais quelques kilomètres avant de poser la tente avec Sweeper, Hide N’Seek et Pirate.









 
 
 

3 Comments


François
Oct 25, 2022

Sacrée ambiance sur la PCT!!

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Richard PRADES
Richard PRADES
Oct 24, 2022

« On » te suit toujours ! 😉 de belles émotions à la frontière…

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vincentsouverain51
Oct 24, 2022
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Et "Il" vous remercie 😀

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