Day 95 PCT : Fish Lake - Snow Lakes - Km 2888

24 juillet 2022 : 32 mi / 51 km - D+ 1200m / D- 750m - Total : 1865 miles / 3001 km

Une journée de marche n’est jamais la même. Aujourd’hui, je traverse de nouveau une grande partie de forêt. Pourtant, cette traversée est entrecoupée de plusieurs passages dans des coulées de pierres volcaniques.

L’Oregon est réputé pour être montagneux et boisé. Il est également soumis à une activité volcanique depuis des millions d’années.

Le parc national de Crater Lake que je devrais atteindre demain en est le symbole.

Il fait partie de la chaîne volcanique des Cascades, the « Cascades Range ». Il est aussi l’unique Parc National de l’Oregon.

Toute la matinée, j’ai l’impression de répéter la même traversée avec cette coulée de pierres volcaniques comme si j’étais dans la 4ème dimension et qu’une force surnaturelle me prenne et me ramène au même point sans que j’en ai conscience.

Autre phénomène et anecdote étranges de la journée: alors que je marche seul presque toute la journée, j’aperçois devant moi un gars torse nu légèrement griffé au dos, vêtu d’un simple kilt duquel dépasse un fourreau. Il est muni d’une longue lance bien affûtée.

Alors, c’est bien ça, j’ai été téléporté au siècle des chasseurs primaires dans les highlands d’Ecosse.

Surgissent des moments anachroniques parfois sur le PCT complètement inexplicables. Mais que fait ce gars en plein milieu de la nature, encore une fois éloignée de tout, sans flotte, sans sac et avec une lance de chasseur ?

Cela m’arrangerait bien qu’il marche plus vite que moi car autant dire que je n’ai aucune envie de le dépasser et finir potentiellement embroché.

En arrivant à sa hauteur il se retourne, et me demande si j’ai vu un chien. Et donc ce gars se sent obligé de chercher son chien en kilt et avec une lance ? Si j’avais voulu être rassuré par une parole de ce gars, c’aurait été avec autre chose du style « bonjour, vous allez bien ? Rassurez-vous je suis complètement sain d’esprit, j’ai décidé de chasser le gibier à l’ancienne aujourd’hui ! Bonne route ! »…

Je lui réponds que non, je n’ai pas vu de chien, la race canine, n’étant pas ce qu’on trouve de plus courant en plein milieu de la forêt et de la lave !

Je lui souhaite bonne journée et surtout bonne chance pour retrouver son chien tout en me dépêchant de retrouver mon chemin vers le 21e siècle.

Je continue de cheminer dans une forêt plus ou moins luxuriante et dense. Par moments, je traverse des plantations basses d’un vert presque fluo qui recouvrent quasiment la totalité du sol.

A midi, je fais ma pause, comme souvent, adossé à un tronc d’arbre tombé au sol.

Une biche curieuse s’approche. Le tableau est bucolique, mais à l’heure du midi avec 16 kg perdus depuis le début de l’aventure et sans doute influencé par cet étrange highlander à la lance affûtée, j’ai cette image coupable de la biche en pavé avec une bonne sauce… chasseur… tiens tant qu’on y est ! Après tout, elle n’aurait aucun scrupule à me bouffer ma veste salée laissée exposée sur le tronc ou le bout de mes bâtons, car oui la biche aime mordiller les scratches des bâtons. Alors elle est moins jolie la biche là ! Je peux envisager de la bouffer sans remords.

Autre bestiole mais qui pour le coup, vous pourrit votre moment de paix dans la forêt, le moustique !

On m’avait prévenu des moustiques dans l’Oregon, et j’avais pris la chose un peu à la légère jusque là car dans la Californie, beaucoup de hikers se couvraient rapidement de la tête au pied pour le moindre moustique.

Alors ici, c’est un assassinat en bonne et due forme dès que vous traversez une zone de moustiques.

Vous êtes immédiatement repéré, et c’est une meute qui se ruent sur votre peau. Difficile de ne pas s’arrêter pour enfiler un pantalon, rabaisser les manches et mettre le filet pour la tête. Ce que je fais en fin de journée. Tout ça est bien gênant mais ô combien nécessaire.

Après le "mosquito hell", je sors enfin de la forêt en fin d'après-midi. Ca fait du bien.

J’avais décidé de camper aux Snow Lakes, mais la nuit arrive et je trouve un emplacement avec une belle vue à 1,6 km des lacs et après une journée de 50 km.